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mercredi 2 septembre 2009

Bob Dylan - Time out of Mind, Love and Theft, Modern Times

Les trois albums que Bob Dylan a bien voulus appeler « trilogie » me font souvenir qu’un disque est comme le nouveau tome d’une histoire ancienne et pénétrante, comme une réserve de pulsations nouvelles et de raisons de continuer en avant. Le cœur du poète continue de battre bien fort, même si aucun Dieu n’en est témoin – seulement Dylan lui-même, qui, sans doute, dans toute sa simplicité légendaire, prétend simplement tenter de sortir de bons disques. Mais que musiciens, producteurs, écrivains, et même réalisateurs ou journalistes prennent exemple sur lui. Il y aurait, pour commencer, moins de navets au cinéma.

  • Time Out Of Mind a été très bien accueilli à sa sortie en 1997, et immédiatement comparé à des chefs-d’oeuvre de Dylan comme Blood on the Tracks. Pourtant, ce n’est pas un album facile, ni en aucune façon aussi direct qu’aucun autre disque de son époque. Dans un monde à lui seul, le poète évolue en secouant la mort et l’amour qui le narguent, le piquent et s’éloignent en laissant des fantômes. Des chansons se forment et se lovent à la place des spectres dans l’esprit du parolier. Est-ce vraiment de lui qu’il s’agit ? En partie seulement, car il se plaît à sublimer les sentiments comme autant de témoignages inaltérables. Ce disque installe une humeur avant tout, une longue attente, patience mélancolique qui rappelle les sons d’un riche passé sur des sentiers divers et écrase toute tentative adverse de faire aussi bien. Alors que d’autres confectionnent une toile de leur monde et finissent par se prendre les pieds dedans comme de vieilles araignées, Dylan saisit chaque occasion pour devenir plus pertinent, et effectue ici un travail qui est une nouvelle étape significative dans sa longue carrière. Un disque qu’il devait enregistrer, le moment venu. La carrière de Bob Dylan est faite d’allers et de retours, de périodes fastes et d’autres où il devait maudire le personnage qu’il était devenu. Time out of Mind a été précédé d’un de ces temps dans lesquels l’artiste tente de s’éloigner de sa légende. Il revient avec la conviction que ces errements l’ont rendu plus fort, suffisamment pour se raconter encore un peu, pour paraître à nouveau menaçant. Lentement, Love Sick s’installe comme une immense litanie, sourde et cotonneuse ; et les écoutes successives de la suite révèlent une merveille à chaque pièce.


  • Love and Theft est plus élastique que son prédécesseur, mais c’est peut-être parce qu’il colle moins à la peau de Dylan. Il jongle avec les histoires et avec les styles, tandis que le chanteur prend peu à peu cette voix de crooner éreinté mais puissant propre à incarner des héros qui ne sont définitivement plus directement lui, mais des personnages amenés à peupler des chansons. L’aisance musicale est preuve de la grande culture que Bob Dylan partage désormais avec nous, au-travers de son émission de radio Theme Time Radio Hour, qui a enfanté d’une compilation délicieuse de cinquante morceaux, en attente d’un deuxième volume. Le poète est sans doute le témoin le plus populaire de la musique des temps où la guitare électrique n’avait pas terrassé le monde. La composition est comme une leçon de cuisine, où les ingrédients prennent forme de la même manière que les mots deviennent vers dans les marges des cahiers de Dylan. Le cœur plus léger que sur son précédent effort, Dylan semble traverser l’Amérique de part en part à la recherche de rédemption ; en explorant ses différentes figures, en actionnant les figurants dont il peuple son pays, il prend sa revanche sur son propre mythe. Il a prit peur en face de l’immortalité à laquelle il est effectivement confiné, et tente absolument de dire ; je suis là, comme ces types dont je parle, juste le temps d’une histoire, et puis s’en va. Sa musique divertit le cœur autant que l’esprit, fait défiler tant d’images de destins originaux et cruels. Nul besoin de comprendre chaque vers pour être bercé par l’imprécation rocailleuse et sentir plus que jamais que l’aventure ne peut s’arrêter maintenant. Time out of Mind aurait pu être la coda de l’œuvre de Dylan ; mais Love and Theft, en forme d’exercice captant le renouveau, laisse présager que bien d’autres images vont affluer à l’esprit du poète, des connexions à l’histoire qui recommence.


  • Modern Times opère comme une suite à Love and Theft, et le double en vigueur. Il s’est écoulé cinq ans entre les deux disques mais cela ne semble pas signifier que Dylan ait été à court d’idées ni de moyens pour enregistrer. Le groupe joue de manière encore plus fine, fournissant quelques pièces mélodiques inoubliables, comme Spirit on the Water. D’apparence linéaire, ces dix nouvelles pièces sont en réalité taillées pour constituer un nouveau microcosme dans lequel l’auditeur pourra se plonger comme dans un livre. Et cette fois, le résultat est particulièrement épanoui. Ce qui n’est pas dit est entendu ; ce qui n’est pas compris, - parce qu’on ne comprend pas forcément l’anglais - , ce qui n’est pas compris est ressenti. Dylan fait œuvre d’une générosité énorme en façonnant de longs et captivants morceaux qui encapsulent des mondes, comme le ferait quelque terrible divinité omnipotente dans une aventure de Moorcock. L’interprétation est empreinte d’une totale sérénité, même d’une confiance et d’une énergie qui semble ne pouvoir cesser. Pourtant, Ain’t Talkin, qui dure plus de huit minutes apparaît comme un beau point final. Vous pourriez arguer que Highlands, qui en faisait seize, était autrement plus menaçante. Mais Ain’t Talkin est simplement l’une des plus belles chansons de Dylan, et ressemble vraiment à quelque chose qui s’achève. Encore une fois, Bob Dylan va-t-il cesser de faire de la musique ? Lui-même va se surprendre en apportant à peine trois ans plus tard une nouvelle pierre à l’édifice, Together Trough Life. Cette année, en fait. Donc l’avenir est déjà incertain… Mais laisse derrière lui une décennie qui laisse deux ou trois chefs d’œuvre intemporels de plus au travail de fond de l’un des artistes les plus intègres et talentueux depuis le début.

A écouter :

  • Love Sick


  • Standing in the Doorway


  • Cold Irons Bound


  • Mississippi


  • Cry a While


  • Spirit on the Water


  • Rollin and Tumblin


  • Ain't Talkin

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