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mercredi 4 novembre 2009

{archive} Robert Wyatt - Shleep



Shleep, c’est le voyage luxuriant que nous propose, en 1997, un Robert Wyatt ouvert aux quatre vents. L’artiste, particulièrement inspiré, mélange une nouvelle fois coupures jazz et expérimentation très nourrie d’instruments à vent et percussions bizarres. La magie retrouvée est celle des enregistrements de Brian Eno – qui participe ici, on le devine, en temps qu’ami.

Ce disque est l’un des plus beaux de Wyatt, qui ne se contente pas de cultiver à nouveau sa terre mais de la transformer l’espace de précieux instants en aberrations organiques érigées d’une musicalité sourde (Out of Reason, Was a friend) et plus vitale qu’insouciante. Le musicien anglais donne une nouveau chapitre de son ardente expressivité. Même dans son secret désespoir, Shleep brille de mille feux, et Wyatt d’apparaître comme l’artiste qui concilie la plus attachante pudeur avec quelques-unes des meilleures audaces dans la musique populaire d’aujourd’hui.

Il s’agit de ne pas se laisser tromper par l’entrée en la matière, Heaps of Sheeps, sorte de simple tremplin permettant de lancer la suite dans des cieux propices à leur appréciation candide. A l’image des dessins de pochette, Robert Wyatt nous demande simplement d’y croire, d’entrevoir les féeries mélancoliques évoquées, les forces de l’esprit qui ne se peuvent agressives ou menaçantes, mais sages. The Duchess puis Maryan nous régalent de langueur, avant de plonger avec Was a Friend dans une pièce d’humeur typique de Wyatt, le grand chanteur anglais qui fit Rock Bottom (1971). C’est envoûtés qu‘on retrouve cette propension à plonger dans des abysses de ressentis pour en extraire avec patience et précision – utilisant quantité de beaux instruments, parmi lesquels son magnifique cornet – une musicalité inouïe avant lui.

Très vite, on se replonge dans nos meilleurs souvenirs de Wyatt ; là bas, dans la maison où il vit, semble t-il, isolé (mais cependant concerné), n’ont pax cours les idioties du type : je dois changer de méthode pour renouveler l’attention du public. Non, quoique ce soit bien une nouvelle facette de son âme qu’il nous laisse entrevoir, plus légère et même souriante – ce qui est beau pour celui que l’on qualifie d’avoir la voix la plus triste du rock – c’est la continuation de toutes les épreuves qu’il a inventées entre les choses demeurées incompréhensibles, les faits qui ne peuvent être changés – la perte de ses jambes en 1973 – et la manière dont il s’en accommode – très bien, dit t-on. C’est une musique d’une profonde lucidité, plus radicale que l’on s’imagine. Un homme dans sa situation n’a-t-il pas vu quelques raison de se battre là où d’autres ne font que quelques gestes répétés quotidiennement ? C’est une énergie du cœur qui fait avancer Robert Wyatt, et qui le fait progresser humainement et musicalement.

Pleine de rythmes vivants , authentique et réaliste, Shleep bat comme un cœur tranquille (Alien) qui n’a rien à voir avec de la démonstration. Les mélodies sont givrées et envoûtantes, apparaissent comme les pièges d’un esprit un peu fatigué, qui va aller bon train pendant quelques instants de bonheur puis s’aperçoit avec grâce que finalement tout est éphémère, et que certains des instants passés à vivre son faits pour ralentir et douter. La poésie effervescente de A Sunday in Madrid renoue avec le simple plaisir de jongler, non plus avec les humeurs cette fois mais avec les images. Peu importe, tout est mêlé, les frontières vont changer à chaque écoute.

Tout cela, loin de la réalité de l’économie du disque, chose bien étrangère à Wyatt. Magicien, il capture encore quelques instants – Blues in Bob Minor évoque de manière étrange A Wolf At The Door, de Radiohead, et continue l’ouverture du dimanche à Madrid. Thom Yorke reconnaîtrait sans nul doute la forte filiation qu’il a développée avec Wyatt depuis Kid A (2000), puis avec Amnesiac (2001) et Hail To The Thief (2003). Même angoisse sublimée et fièvre, et finalement, à quelques temps de la fin de Shleep, en urgence.


  • Parution : novembre 1997
  • Label : Thirsty Ear
  • Producteurs : Alfreda Benge, Brian Eno, Robert Wyatt
  • A écouter : Maryam, Was a Friend, A Sunday in Madrid


  • Appréciation : Monumental
  • Note : 8/10
  • Qualités : poignant, sensible

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