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vendredi 4 juin 2010

How To Destroy Angels - EP


Ces dernières années, les projets de Trent Reznor ne nous laissent pas le temps de les attendre ; il se passe en général quelques jours entre leur annonce et le moment où ils sont disponibles. Après The Slip en 2008, le premier EP de son nouveau projet How To destroy Angels est mis gratuitement en ligne ces jours-ci.

Le vénéré leader des Nine Inch Nails, qui incarne une forme d’originalité et d’intelligence uniques dans le paysage musical américain, s’est beaucoup apaisé dans les années 2000 – cela coincidait avec un changement d’hygiène de vie. With Teeth (2005), Year Zero (2007), Ghosts I-IV (2008) et The Slip étaient intéressants même s’ils étaient moins marquants que ses travaux des années 1990. On y retrouvait parfois la magie de The Fragile (1999), disque complexe et sinueux et point culminant de la carrière du musicien inclassable, qui fit ses armes en inventant un genre entre métal indus agressif et extrême et musique club. Mais certes pas le piquant de Pretty Hate Machine (1989), Broken (1992) et The Downward Spiral (1994) qui allait loin, très loin dans l’introspection et exploitaient à fond le pouvoir de l’artiste sur son public.

En 2010, Trent Reznor est une star dans le monde entier, un genre de prophète que peu font l’erreur de sous-estimer. Il a au moins apporté à la musique un sens du perfectionnement sonore si élevé que l’on peut la ressentir comme nulle autre, et que les amalgames synthétiques accumulés savent se transformer en entités organiques, accéder par vagues à notre sensibilité.

How to Destroy Angels (le nom est imprunté à un disque du groupe Coil, inspiration de Reznor) est avant tout le groupe de sa compagne Mariqueen Maandig (ancienne de West Indian Girl), dont la voix evanescente se marrie ici à des nappes de guitares et de claviers, des rythmes et des instrumentations typiques de Reznor – on y retrouve ainsi des réminiscences du son de Year Zero (le xylophone et les beats saturés) mais aussi une propension peu surprenante à privilégier les atmosphères, ce à quoi Reznor et Atticus Ross, qui a longtemps travaillé avec Nine Inch Nails, excellent.

Le personnage de Maandig, dans son rôle de leader de HTDA, semble vampirisé. Alors que sa voix naturelle est cassante et assez haut perchée, elle joue ici d’un registre grave et tout en retenue. C’est le registre de l’émotion dramatique, de la résignation d’un être puissant et damné, qui domine sur tout aspect de spontanéité ou de joie, comme dans les ballades de Nine Inch Nails. Maandig est clairement dominée par un environnement hostile, et ce qui est intéressant c’est de voir comment elle s’en sort et ce qu’elle en fait ; en quelle mesure on peut la comparer à Nico du temps du Velvet Underground en 1967 (entourée de violons grinçants, de guitares querélleuses et de pianos épileptiques), et sa relation avec Reznor à celle de l’Allemande avec John Cale. La chanteuse lance d’ailleurs une sorte de clin d’oeil à Venus in Furs, dans Big Black Boots : « Listen to the sound of my big black boots », qui a quelque chose de sado-masochiste et renvoie au « shiny leather in the dark » des Underground. Dans Fur Lined, tout est dans le titre…

« Cet EP est l’artefact des tout premières expérimentations que nous avons eues » dit Reznor. « Nous devions attendre d’avoir un grand nombre de morceaux pour présenter ensuite quelques-uns de ces titres, mais nous aimions cette première coillection et on a décidé de les sortir. Le prochain enregistrement devrait être plus cohérent car nous découvrons sans cesse davantage dans notre alchimie ».

Cet EP éponyme démarre avec l’excellent The Space in Between, ou les entrechocs de métal se couplent à un drone malsain et aux murmures de Maandig. Le tout se tranforme rapidement en quelque chose de profondément mélodique, et inoubliable après deux écoutes. Le ton particulièrement sombre du disque est donné, et Parasite ainsi que The Believers font rennaître un peu plus de la claustrophobie quasiment mythique chère à Reznor, et parfaitement dégagée par nombre des clips de ses morceaux. La vidéo réalisée pour The Space in Between se révèle à la hauteur de toute l’aura glauque du projet ; on y voit le couple sanguinolent et inerte au pied d’un lit dans la chambre d’un hotel de Los Angeles – et Maandig qui se met à chanter tandis que les flammes prennent partout et finissent pas les recouvrir. Atticus Ross y apparaît très élégant, et sûrement moins neutre qu’il n’en a l’air. On pense à David Lynch... En fait, Reznor est le genre d’alter-égo dont Lynch n’a poas pu se passer pouisqu’il lui a permis de produire la B.O. de Lost Highway (1997). On est proche, très proche de l’univers de ce film.

Fur Lined rappelle ce qu’a tenté de faire Reznor avec The Hand That Feeds ou Sunspots. Titre dansant, il se termine par une plage instrumentale où chacun des trois musiciens rentrent tour à tour. On ressent le plaisir qu’à le trio à interpréter le morceau, et c’est communicatif. A Drowning, le dernier des six titres, est une ballade où ntout se dessinne le plus naturellement du monde, où les phrases à peine assumées de Maandig prennent la proportion d’images, tandis que tous les ressorts dramatiques se mettent lentement en place autour d’un refrain plein de défiance. « Please, anyone. I don’t think i can save myself. I’m drowning here…” Et les vagues sonores submergent l’auditeur, qui a toujours été acteur de la musique qu’il écoutait tant que Reznor était aux commandes.


  • Parution : mai 2010

  • Producteur : HDTA

  • Genre : Indus, Synth-pop

  • A écouter : The Space in Between, The Believers, A Drowning



  • Appréciation : Méritant

  • Note : 6.25/10

  • Qualités : self-made, sombre

1 commentaire:

  1. Excellente critique (comme d'hab) si ce n'est qu'à mes yeux l'album manque quand même de rugosité et de noirceur. ( http://www.playlistsociety.fr/2010/06/how-to-destroy-angels-how-to-destroy.html )

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