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mardi 20 juillet 2010

Larkin Grimm - Parplar (2008)




Parution : 2008
Label : Young God Records
Genre : Folk
Producteur : Michael Gira
A écouter : They Were Wrong, Ride That Cyclone, Dominican Rhum



Note : 7.25/10
Qualités : lucide, pénétrant

Je tiens à remercier Julien Tilly pour m'avoir fait découvrir cette grande artiste. Tous les extraits d'interview dans cet article sont tirés de son travail pour le fanzine Twice.

« J’ai été accusée de toute sorte de sorcellerie. Il a été dit que j’avais une influence perverse et inquiétante et j’ai été renvoyée des églises, des écoles, des communautés hippies et de la ville de Skagway en Alaska. » Ainsi Larkin Grimm commente-t-elle sa jeunesse. Toute son enfance a sans doute été le plus marquée par les convictions de ses parents, qui faisaient partie d’une communauté religieuse et hippie utopique qui croyait à la guérison du monde par l’esprit et entretenait une relation détachée avec son environnement hostile et cruel. Grimm va faire l’expérience de la réalité relativement tard, protégée qu’elle avait été jusque là par ses parents. « Mes meilleurs amis dans l’école publique étaient le seul garçon noir de la classe, que l’on traitait constamment comme un idiot et une fille qui avait subi des abus sexuels par son voisin. Quelques années plus tard, ce même voisin lui a coupé la tête… »

Au moment de Parplar (2008), son troisième disque, Larkin Grimm a la trentaine. De son expérience de jeunesse, elle s’est forcée à garder l’esprit optimiste. « Je suis toujours très idéaliste et crois très fortement au pouvoir de la gentillesse, de la franchise et de l’amour. J’essaie de me maintenir en bonne santé de manière honnête et holistique et je ressens une responsabilité d’aider les autres à faire de même. » Fervente admiratrice de Patti Smith, Grimm va surtout au fond des choses, explorant sur ce disque le pouvoir du corps et des désirs charnels, le pouvoir des mots crus, la force des sentiments. Et il y a, rien qu’a considérer certaines paroles – l’infectieux Dominican Rhum en particulier – bien quelque sorcellerie noire à l’oeuvre. Sa signature chez Young Gods Records (Michael Gira de Swans en est le fondateur, et on lui doit la découverte de Devendra Banhart) semble ainsi naturelle. 

Usant de cette fausse légèreté qui endort les méfiances, Grimm charme rapidement, après un They Were Wrong magistral. « Who told you you were going to be all right/Well they were wrong, wrong, wrong/In my mind you’re already gone” Elle se bat avec le mal intime comme d’autre combattent les causes politiques et sociales. Et c’est par là que tout commence – dans l’affirmation de soi, dans la fierté de son propre corps et dans la force de son propre esprit. C’est notre vie intime qui va fonder notre tolérance, ou notre intolérance, notre ouverture aux autres, notre envie de partage… La vie est une lutte dans laquelle les plus paisibles, les plus inoffensifs ne sont pas ceux qu’on croit. Grimm semble voir le véritable mal, les mauvais sentiments enfouis en ceux qui ne savent les laisser s’en débarrasser – qui ne savent trouver dans l’existence l’expérience , la connaissance, la sagesse qui leur ferait chasser ces mauvaises pensées. Et quel meilleur moyen que la musique – les parents de Larkin Grimm étaient tous deux musiciens - pour exercer cette lucidité ?

Les chansons du disque sont plutôt sombres, et certaines phrases restent gravées dans nos mémoires : « you’re going to die anyway/So let me kill you nice ». Ces textes aux images fortes sont la façon pour Grimm de donner à ses pièces une profondeur dramatique ou tragi-comique, l’humour le disputant au macabre avec une adresse que seule pouvait négocier une artiste parfaitement équilibrée.

Mais le disque a aussi été produit par Gira, artiste excentrique avec qui Grimm partage plus d’une singularité. Sa voix, chantante et parfois stridente est sous le joug d’une langue polyglotte (Mina Minou, Durge), mais au-delà de l’aspect communautaire, il y a la tentative de partager des bribes de spiritualité tribale. Et la palette musicale très riche, qui emprunte autant à Morricone et au psychédélisme des années 70 qu’à des formations en quête d’exotisme (Os Mutantes), mais reste farouchement folk et fragile, fait parfois peser une atmosphère incantatoire sur les chansons. Il y a sur All the Pleasures in the World quelque chose du désert saharien. De l’ensemble du disque, c’est un sentiment de fraîcheur – et dans un certains sens de chaleur - qui se dégage, l’impression que le folk, la musique du ressenti et du partage, est encore renouvelé de la meilleure manière qui soit – instinctivement.




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