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mercredi 1 septembre 2010

Max Richter - Infra (2010)




Parution : juillet 2010
Label : Fat Cat Records
Genre : Electronique, classique
A écouter : Journey 3, Infra 5, Journey 4

 
OO
Qualités : Attachant, onirique

Quel rapport entre Infra et un disque de rock ? Le parallèle est encore à faire. Infra est le nouveau travail de Max Richter, probablement le seul compositeur de musique « néo classique » dont les disques sont chroniqués dans le magazine de musique anglais de référence Mojo, plus habitué au rock, folk, etc. Il s’agissait au commencement de 25 minutes de musique qui devaient accompagner le ballet du choregraphe anglais Wayne McGregor, primé plusieurs fois pour ses spectacles – un coup d’œil à des extraits de ce nouveau ballet préparé avec le Royal Ballet de Londres, baptisé justement Infra (« dessous » en latin, et inspiré de la nouvelle de T.S. Eliot The Wasteland), vous fera comprendre pourquoi.
 


C’est un travail de toute grâce et d’une grande beauté, où 12 danceurs "se rencontrent et se départissent, chuchotent les uns aux autres, s’arrêtent et reprennent. », raconte une journaliste conquise pour le Daily Telegraph. « L’invention dans leurs mouvements montrent toute l’originalité de McGregor ; jambes brisées, bras et dos en arc, corps articulés à l’extrême et entrelacés. L’atmosphère est mystérieuse, parfois les gestes rapelles une tâche à moitié oubliée de l’homme ; les humeurs passent de la passion à la colère en une fraction de seconde ». Le ballet qui dégage une énergie profondément humaine. Infra, le disque, développé sur un peu plus de quarante minutes, est lié quelque part à ce travail des corps, à cette révélation de vie – mais lié dans le spectacle, car la musique seule ne saurait évoquer un tel mouvement.

Richter est un compositeur talentueux qui, loin de se contenter d'un travail de routine, va sans cesse chercher des expériences différentes ; Songs From Before, par exemple, le voyait intégrer à ses fameuses « vignettes » des lectures par le musicien et chanteur anglais Robert Wyatt. Le mot de vignettes ne fut jamais mieux adapté qu’à 24 Postcards in Full Color, suite de 24 bribes musicales qui laissent imaginer ce que seraient nos sonneries de téléphone portable dans un monde qui reposerait sur l’émotion.

Comme toujours et en dépit de son nom, la jaquette du disque était grise, austère. Une austérité qui fait que, Richter puisse travailler avec le Future Sound of London ou Vashti Bunyan, il n’aura jamais l’attention d’une large audience. Ses disques seront toujours engoncés, en partie parce qu’ils le méritent, dans une châpe presque funèbre. Infra est cependant un disque classieux dès la pochette, et sûrement plus abouti que 24 Postcards… - dont les formats étaient peut-être un peu trop courts pour permettre de dessiner quelque chose de suffisamment concret.

On trouve sur le disque deux types de titres : les « journey » et les « infra », mais ce n’est pas ainsi, musicalement, que le disque est scindé. On le devine, les « journey » sont les étapes d’un voyage imaginaire. Pour le reste, cette bande originale d’un autre genre alterne passages atmosphériques enregistrés avec un septet (violons , violoncelles et piano), dans l’esprit de ce que font des groupes post-rock comme Sigur Ros – et évoque parfois le travail de Mogwai pour The Fountain ; des études de piano solitaire qui évoquent Michael Nyman (La Leçon de Piano, mais il est peut – être plus intéressant d’écouter les bandes originales de The Draughtsman’s Contract ou A Zed and Two Noughts par Peter Greenaway.), avec ce même sens de la répétition quasi-obsessive et mélancolique. Et ce qui va pour le piano va pour les cordes, jouées de plus en plus pesamment, comme lors de ce poignant Infra 5. Infra 5 est le plus long titre du disque, et son point culminant en termes d’intensité, de force, ici presque douloureuses.

Mais l’élément qui fait d’Infra un disque passionnant, c’est l’utilisation d’éléments électroniques pour sublimer toutes les autres textures et les lier entre elles. Sur Infra 5, c’est aussi le moyen d’ajouter au crescendo naturel des cordes une tension qui serait un peu comme l’entrée d’un élément de suspense dans un film dramatque. Comme sur le tout premier titre du disque, on entend à ce point des voix et des interférences, comme une communication entravée. captivant est le morceau Journey 3. On croirait pratiquement un enregistrement en plein champ, avec ces pépiements électroniques – avant qu’on son radieux vienne envahir l’espace. Comme Journey 2, ce sont des sons intimes, incroyablement riches si l’on s’y dispose complètement. Ils équilibrent le disque, lui donnent son aspect fini et ouvrent de nouveaux passages qui nous permettent d’apprécier plus profondément les mélodies dont Infra est surtout constitué.

C’est un disque construit, qui se meut lentement, avec des thèmes qui se répondent dans une progression – c’est peut être là qu’il ressemble à un bon disque de rock – dans une interaction pas toujours évidente mais bien présente entre les différentes pièces qui le constituent. Un sentiment de plénitude s’installe avec les dernières pièces, où les thèmes se répètent et se transforment une dernière fois, et alors que l’on comprend que les bruits parasites ont donné au disque son humeur indicible – et unique. Cela va en équilibre entre simplicité et profondeur, joie et désespoir, souffle mélodique et bruit étouffé. C’est le nouveau chef-d’œuvre de Richter, dont les disques passés mériteraient bien d’être explorés à la lumière de celui-là.





 


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