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mardi 16 novembre 2010

Antony Hegarty - Le cygne soul (1)


Les grands songwriters américains de la décennie écoulée ont été épinglés ; Ellioth Smith, Sufjan Stevens, Bonnie Prince Billy, Wilco, Bill Callahan… Antony Hegarty semble, à leurs côtés, étrangement en décalage. On a souvent l’impression, avec de tels troubadours des temps modernes, d’être happé dans un endroit qui leur est propre sans y être invités. Avec Hegarty, nous sommes plutôt projetés dans un lieu qu’il explore comme nous pour la première fois ; un repli de l’âme ou bien un univers entier, parfois à peine créé. Sa musique est de celles qui nous apprennent qu’il y a toujours de nouvelles dimensions prêtes à naître et à prendre de l’épaisseur, nourries de différents courants et pulsions de la terre, d’énergies invisibles.
Il est l’un de ces artistes qui échappent à la paranoïa ambiante, aux pensées et aux spiritualités toutes faites pour s’en construire une à lui seul et créer un espoir neuf, avec l’appui de cette voix de falsetto qu’il projette comme une forme malléable dans un théâtre audacieux, baroque, sauvage, délicat.
Le chanteur préfère la voix faible et les textes épurés. Il est évocateur plutôt que créateur, rassembleur et aplanisseur d’idées, plutôt que poète. La musique de Antony and the Johnsons a cette faculté de nous faire participer, soit le niveau d’interactivité supérieure dont ne peuvent se targuer ceux qui jouent la contenance et la voix forte. Alors participons.


Une statue de la liberté sans couronne

C’est ainsi qu’a été décrit Hegarty tel qu’on peut le voir représenté ces jours-ci. Ses cheveux très noirs et ses habits amples lui donnent l’air d’une figure Grecque. Son visage est pâle au point qu’il finit par ressembler à un fantôme japonais. Sa carrure impressionnante – plus d’un mètre quatre-vingt dix – éveille des images des Ailes du Désir, sans qu’il y ait besoin de contre-plongée. Une transformation impressionnante lorsqu’on le voit, quinze ans auparavant, svelte et en bottes de combat, petit punk d’inspiration anglaise avec « fuck off » écrit sur sa nuque au cas ou on se retournerait sur son passage. Un bon aperçu est la vidéo pour le morceau Thank you For your Love (2010). Il a aussi à ce moment quelque ressemblance avec Marc Almond, le leader de Soft Cell. 
Si l’apparence d’Antony aujourd’hui est liée à un goût particulier pour la sophistication – il s’est vu offrir une robe à tête de chat en satin de soie lavé beige dessinée pour lui par Riccardo Tisci, directeur artistique chez Givenchy - ,elle est aussi en accord avec son attitude méditative et profondément intellectuelle, en retrait des sphères extravagantes et dangereuses à tel point qu’il est difficile de le considérer comme un musicien de rock. Il serait la muse effacée de son propre ballet, la figure mouvante qui habite la scène avec la seule énergie de l’espoir, le corps occulté dans un geste de pudeur. Antony a le calme de la sagesse et l’âme d’un enfant qui s’émerveille de tout. Ce qui ne l’empêche pas d’être subversif, à sa manière. Une première réponse concernant sa fascination pour le transgenre : il reste, malgré toute l’admiration qu’il voue à la gent féminine – persuadé qu’elle est l’avenir du monde, ce à quoi on lui donne volontiers raison – un homme. Ses doutes, ses réponses cryptées le disent pour lui.
S’il faut apprendre d’où vient Hegarty pour comprendre comment son nées ses chansons. Décrit parfois comme « un être futuriste dont la maison n’est pas sur cette planète », il est aussi difficile de prendre rendez-vous avec le passé pourtant pas si éloigné du chanteur, que de faire des prévisions quand à l’avenir de nos sociétés. (L’une et l’autre de ces variables sont sans doute plus liées qu’on ne le croit.) Si la vie publique du chanteur a commencé à s’étoffer avec la parution de I’m a Bird Now, ses expériences antérieures sont restées dans un flou entre mythe et réalité. Pour commencer, on pourrait facilement ignorer qu’il est né en Angleterre, dans le sussex, et non aux Etats Unis. « Il est peut-être le seul New-Yorkais à faire le son exact quand au double « t » de ce mot magique, Manhattan » dit t-on de lui.
« Je n’avais pas prévu d’être un chanteur, explique t-il. En fait les premiers efforts créatifs que j’ai faits étaient des dessins, copiés de comics qu’on recevait toutes les semaines au kiosque, des collages issus de photos découpées » (On peut voir aujourd’hui une partie de ce travail dans le livre de 140 pages qui accompagne la plus belle édition de son nouveau disque, Swanlights – la pochette de l’album, représentant un ours blanc ensanglanté, en est aussi un exemple frappant). « J’ai candidaté au Royal College of Art, mais je n’ai pas été retenu. Je ne cherchais qu’une évasion, une excuse pour vivre dans une grande ville. » Cette ville sera New York, qu’Hegarty, le jeune homme pourtant réservé, fera venir à lui. Il n’à qu’a suivre les pointillés pour y découper des expériences visuelles et sonores et les garder en son sein et bientôt faire corps avec elles.

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