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mardi 16 novembre 2010

Avey Tare (de Animal Collective) - Down There (2010)


Parution : 31 octobre 2010
Label : Paw Tracks
Genre : Pop isolée, dub, psychédélique
A écouter : Laughing Hierogliph, Cemetaries

°
Qualités : original

Quand Animal Collective est farfelu et jouissif sur son dernier disque Merriweather Post-Pavillon, Dave Portner (ou Avey Tare) seul nous propose avec Down There quelque chose de plus vicié, de bien plus claustrophobe, et dont toute l’intelligentsia semble focalisée sur une manière trouble et inquiétante, quand ce n’est presque absconse, de faire rimer paroles introverties et dub psychédélique. La barque de Merriweather nous faisant glisser délicieusement et en cadence régulière sur l’eau d’une inspiration, d’une imagination abondantes, aux reflets multicolores sans recourir à l’huile du cynisme. Down There est un marécage, forcément stagnant depuis que les intentions de Portner ont été posées ; demeurer comme le crocodile qu’il joue si bien entre deux eaux, laissant le liquide se rider de plis et remous et sans presque jamais s’autoriser de vivacité. Down There est triste et lent presque comme Merriweather était rapide et plein d’espoir – et le fait que l’on retrouve dans les deux cas de nombreux éléments sonores en commun, cette sensation de naturel à peine forcé qui distingue si bien le jeune groupe de tous autre, vu d’ici, ne fait qu’accentuer la sensation d’un manque dans le cas de cet effort de Portner seul. Un manque sûrement recherché, pour un album qui trouve sa subsistance dans des beats claudicants invités du label Warp et des dialogues d’autistes à voix détonnée.
 
Celle de Portner, de voix, est un cas unique dans la musique pop d’aujourd’hui, et l’un de ses plus gros atouts, mais elle ne s’illustre jamais aussi bien que lorsque elle est accompagnée de celles de son groupe, où elle profite de la bonne volonté générale pour s’autoriser plus qu’il n’y paraît sur le versant iconoclaste. La plupart des nouvelles voies vocales qu’il explore ici sont intéressantes, comme sur le premier titre, Laughing Hierogliph, où Portner trouve à mi-morceau une belle force mélodique qu’il se contente de répéter, soutenu par les synthétiseurs, pour un effet allant naturellement crescendo, mais elles donnent toujours le sentiment d’être menacées par un certain mantra sordide. Dès que l’impression qu’une libération est en marche, au moment de Hieroglyph, s’est estompée, pour le reste sa voix est hantée par sa confrontations aux sons et aux échantillons qui donnent à tout instant l’image d’un lent étouffement. Un bouillon de neurones se prépare dans lequel la voix de Portner n’est qu’un élément parmi d’autres. Alors qu’il aurait le potentiel d’être le nouveau Peter Gabriel, et que Down There aurait pu être Cars, le jeune chanteur se débine dans un genre de pirouette intellectuelle.
Ca n’empêche pas Down There d’être, pour quelque temps au moins, fascinant. Cette manière, dans Cemetaries par exemple, de privilégier la béatitude souffrante plutôt que de se prendre en main pour faire de la pop efficace, est touchante. Les chants d’oiseaux deviennent des plaintes récurrentes qui n’appartiennent plus à aucun animal connu. Portner ne se refuse pas une part de fantasque, comme toujours, et la lenteur à laquelle vont les choses empêchent les illusions de se transformer en mouvement, en énergie mutante. Rien ne semble capable de changer de nature en trente cinq minutes, et le plus étrange c’est que la vision ombrageuse avec laquelle Portner reproduit ses propres expériences demande exactement cela ; mouvement hiératique, apparemment inutile – Oliver Twist, irrégulier – Heads Hammocks - et finalement frustrant, passé le plaisir de réentendre quelques phrases mélodiques si propres au groupe dont le chanteur est issu. Dans ces conditions, même Heather in the Hospital, qui décrit le combat de la sœur de Portner contre le cancer – elle s’est finalement rétablie – est entêtante et agréable. Dommage que sa rythmique rappelle Videotape, de Radiohead. L’interlude Glass Bottom Boat assume complètement son côté expérimental. Reste Lucky 1, une vraie bonne chanson de pop supérieure et décalée.

Les sonorités et les voix trafiquées sont combinées d’une manière déjà devinée chez Animal Collective, dont l’intérêt va au-delà de l’ambiance créée. Il y a un genre de passion, de torpeur conceptuelle à mélanger ces éléments déterminés. A tel point qu’on leur conseillerait de déposer un brevet. A propos de concept, le début de Ghosts of Books fait écho à un spectacle par les New-Yorkais du Blue Man Group et leurs sons produits à partir de tuyaux creux. Le sentiment qu’ils produisent ne semble cependant pas aussi profond que la longue réflexion qui a conduit à l’existence de ces sons le laisserait supposer. 

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