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jeudi 2 décembre 2010

Deine Lakaien - Indicator (2010)



Parution : 2010
Label : Chrome Records
Genre : Dark wave, électro, post-punk
A écouter : Gone

Note : 6.75/10
Qualités : romantique, soigné, attachant


Deine Lakaien est un duo de d’électro allemand largement établi après vingt-cinq ans d’existence – en fait, ils sont bien installés en Allemagne, mais restent un sujet de curiosité ailleurs, à l’exception de quelques fans fidèles – auxquels ils dévouent sur le nouveau Indicator (2010) une chanson, On Your Stage Again.

Quand on entend le premier morceau du disque, One Night, démarrer sur un vague de cordes à la fois analogiques et réelles, avant de laisser la place à une mélodie épurée de guitare néo-médiévale et  à la voix de baryton du vocaliste Alexander Veljanov, presque obséquieux, on se dit immédiatement qu’il y a bien quelque chose de teuton dans cette musique. Deine Lakaien dégage dès les premières secondes, dans une bouffée éhontée de romantisme noir et rétro, un sens de perfection mélodique, où le plus gros travail est d’orchestrer différentes séquences, et de rendre un morceau aussi simple qu’on puisse l’imaginer – couplet, refrain – agréable à écouter plusieurs fois. Il y a là quelque chose d’une prouesse purement technique qui envoûte l’auditeur.

Le duo s’est formé en 1985 sous l’impulsion de Ernst Horn, qui, fort d’une formation classique, décide de se lancer dans la musique… électronique. Mais si l’Allemagne comporte une bonne quantité de groupes expérimentaux de nouvelle génération, Deine Lakaien semble perpétuer sans changement profond leur propre culture depuis toutes ces années, quasi-insensibles à la multiplication de projets bien plus opportunistes et séducteurs qu’eux. Veljanov, dans une vision un peu datée, compare leur démarche à celle d’un peintre figuratif : « Vous pouvez regarder le paysage que Deine Lakaien a peint depuis plus de vingt ans. Faites une pause, regardez, écoutez… » (dans D-side, interview de Guillaume Michel). C’est cette sorte d’état des lieux que décrirait le titre, Indicator. Quand à l’aspect vintage de certaine sonorités, c’est évidemment fait exprès : « On a retravaillé avec nos synthétiseurs analogiques de l’époque qui sont très à la mode ces dernières années ».

Mais si l’Allemagne comporte une bonne quantité de groupes de nouvelle génération, Deine Lakaien semble perpétuer leur propre culture, quasi-insensibles à la multiplication de projets bien plus opportunistes et séducteurs qu’eux.

Les découvrir avec ce nouveau disque, c’est comme si les années 2000 n’avaient pas existé, ou presque.  Il y a tout de même cette grâce orchestrale bien dans l’air du temps, héritée d’une tournée de Deine Lakaien pour leur vingt ans d’existence, une réinterprétation triomphante de leurs classiques habilement réarrangés sans être dénaturés, qui  a donné lieu à un DVD en 2007. C’est aussi l’influence de leurs projets solo respectifs qui laisse entrevoir quelque progression vers un résultat moins prévisible. « Après vingt ans, on ne veut plus faire rimer « day » avec « way » et « night » avec « light », explique Veljanov. « Vous devez essayer de nouveaux thèmes et de nouvelles voies musicales ». « Et ça fait automatiquement apparaître de nouvelles solution musicales. Bien sûr, nous n’avons plus à faire face à une tempête de clichés non plus. Cette image qui a fait de nous l’ennemi dans l’esprit de certaines personnes n’existe plus. »

Cet élément de désaccord, était-ce leur fascination pour la musique de chambre ? Leur noirceur  un peu facile ou leur simplicité lyrique assumée ? Deine Lakaien a une échappatoire discrète sur Indicator ; les éléments subliminaux qui parcourent les morceaux. Ce n’est presque rien, vraiment, mais cela suffit un donner à Go Away, Bad Dreams, par exemple, un cachet indéniable. Partant de ce fond de trame, on finit par oublier qu’au premier plan la bataille entre académisme et feu créateur fait rage. Sous la structure classique des chansons, les trouvailles rythmiques et le soin apporté aux structures, sont tout simplement surprenants. Immigrant, par exemple, navigue entre verve romantique « I just want to live like everyone » et climat oppressé, quasi-industriel, inquiétant et motorique. L’utilisation d’éléments contrastés permet de créer des plages antithétiques – avant de revenir aux bases rassurantes sans que l’exploration aille malheureusement bien loin – ou simplement de faire progresser le morceau. Le meilleur exemple de cette seconde méthode, c’est Gone, le premier single extrait du disque, dont chacune des trois parties rend la précédente plus intéressante à écouter, avant que ne se mette en place un break… qui est une joute de cordes tristes.  Difficile d’entendre ça ailleurs. On remarque aussi que les morceaux dotés de refrains accrocheurs sont concentrés dans la première moitié du disque tandis que la suite propose des titres plus lents et étranges.

Deine Lakaien ont leur propre façon d’être revendicatifs. Leurs tempos sont souvent terriblement lents, ont ne peut pas dire que ce soit l’énergie du désespoir qui participe à leur message. Ils ont plutôt tendance, sans jamais élever la voix, à nous mettre face à nos responsabilités de manière un peu démagogique – sur Who’ll Save your World ou Europe, un titre chanté en français et en anglais pour un résultat assez ridicule – malgré la mélodie de bonne qualité. Les chansons engagées alternent avec des tentatives de ballades amoureuses, Blue Heart ou One Night, dont le contenu constitue le cœur du débat en ce qui concerne Deine Lakaien ; intéressant si l’on aime un charme désuet. Difficile de croire que leur formule puisse rencontrer autant de succès aujourd’hui qu’il y a vingt ans, mais il y croient. Sur Along Your Road :  "Older, wiser, but still we are these fighters". 





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