“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

vendredi 21 janvier 2011

Interview Shannon Wright


 Voir aussi la biographie qui introduit cette interview.

Tu as dit une fois que faire de la musique c’était mettre ton cœur et ton portefeuille à nu sans rien recevoir en retour. C’est une belle phrase qui résume la difficulté qu’ont la plupart des artistes à s’en sortir aujourd’hui. D’où vient ton énergie pour faire une musique aussi juste et nécessaire ? 
Ecrire et jouer de la musique est une partie de ce que je suis. La musique m’a sauvé et réconforté tout au long de ma vie. La connexion instantanée que suscite la musique est une liberté par rapport au monde extérieur. On y met sa propre joie et sa propre tristesse. Bien sûr, j’ai besoin d’argent pour les concerts et pour enregistrer des disques parce que sans lui je ne pourrais pas envisager de continuer. Mais je ne peux vivre de ma musique.
Quelle a été ta première impulsion pour faire de la musique ?
Je ne peux pas me souvenir d’un temps ou il n’y avait pas d’impulsion à  faire de la musique. Il y a eu un moment important, quand, adolescente, j’ai découvert l’esthétique du « Do It Yourself » et ça m’a changé pour toujours. Des groupes comme les Minutemen, Pylon, les Fat Duo Jets, et ainsi de suite, n’avaient pas d’aspiration à être cool ou bien portants, ils avaient juste besoin d’exprimer leur identité. Je m’identifie vraiment à ce sentiment. J’étais très timide et le suis toujours. Jouer de la musique me donne la possibilité d’être moi-même. Je me considère comme faisant partie du public quand je joue, plutôt que comme lui étant supérieur. Je veux que les gens dans la salle et moi-même passent un moment spécial qui est seulement à nous. Une chose que nous expérimentons ensemble même si ce n’est que pour une heure de musique.
Comment définirais-tu ton son ?
C’est toujours une question très difficile. J’ai l’impression que comme songwriter ça vient d’un  sentiment honnête, ce n’est pas possible de le décrire car ce n’est pas dans tes mains.
Tes disques paraissent s’inscrire dans un seul mouvement mais lorsqu’on prend les morceaux séparément ils sont complexes et plein de personnalité. Penses-tu qu’ils aient davantage de différences entre eux ou de points communs ? 
J’écris en toute honnêteté. Il n’y a pas de concept ou d’impression qui va dicter la forme de la chanson. Ca vient comme c’est. J’écris à propos d’émotions que nous attrapons tout autour de nous. Donc, je suppose que chaque chanson a sa propre vie.

"ça vient d’un  sentiment honnête, ce 

n’est pas possible de le décrire car ce 

n’est pas dans tes mains"


Tu arrives à balancer une poésie dense et certains moments ou tout devient plus clair et direct. Est-ce une volonté de ta part ?
C’est la musique qui amène les mots. L’instrumentation de la chanson a sa propre vie, j’entends les mélodies dans ma tête. Parfois, les mots, mélodies, et l’instrumentation surviennent au même moment.
Qu’est-ce qu’il faut selon toi pour faire une bonne chanson ?
Pour moi c’est la sincérité. J’aime les musiciens qui créent leur propre son, ça signifie généralement qu’ils ne sont pas faux envers eux-mêmes. Même si le groupe n’est pas ma tasse de thé, je les respecte dans leur effort pour être eux-mêmes. Les groupes qui ne m’intéressent pas sont ceux qui sonnent comme tout le monde, qui jouent mal et qui sont souvent populaires. En tournée j’ai rencontré énormément de groupes et généralement des personnes gentilles et talentueuses. Les trous du cul qui démarrent à peine ont souvent toute l’attitude sans le fond qui va avec. En fait, j’ai joué avec un groupe comme ça la semaine dernière. Ils traînaient backstage, se sont bourrés et ont parlé d’eux-mêmes sans arrêt. Ils étaient d’un ennui mortel.
Crois-tu que faire des chansons tristes soit une forme de rébellion ou est-ce seulement un trait tenace de ta personnalité ? Est-ce ta façon de vivre dangereusement ?
Je ne trouve pas la tristesse dangereuse car c’est une émotion naturelle. C’est en chacun d’entre nous. Le problème c’est juste d’être assez brave pour la révéler
Contre quoi te bas-tu avec ta musique ? Menace diffuse ou concrète ?
Je me suis toujours vue comme marginale quand il s’agit de musique. Le marginal doit se battre pour être entendu. S’il y a une chose contre laquelle je me bats dans ma musique, c’est l’injustice. Enfant je me battais avec quiconque se montrait cruel ou injuste avec les autres. Ce genre de disgrâce m’enrage.
Les paroles décrivent t-elles quelque chose que tu as vécu ou bien une angoisse plus générale que chacun peut partager ? Essaies-tu de convaincre les gens ou de les confondre ? Considères-tu que susciter l’empathie de l’auditeur soit une façon de la mettre à contribution ?
Je n’ai pas d’histoire que je pourrais dire mienne. Je ne suis pas le narrateur de mes chansons. La meilleure récompense, c’est lorsque quelqu’un s’approprie l’une de mes chansons. Je ne ressens pas le besoin d’expliquer chaque phrase ou le sens de mes chansons parce que ça en retire le mystère. Ca me ramène à une interview d’un songwriter que j’aimais beaucoup. Il racontait l’histoire de l’une de ses chansons et la signification en était complètement différente de ce que je pensais que c’était. Je me suis sentie volée et après ça je n’ai plus jamais écouté la chanson de la même façon. Certaines personnes aiment savoir de quoi parle une chanson, mais pas moi.
As-tu jamais envisagé d’enregistrer un disque de pop-rock pour séduire plus de public ?
Non. 


"Certaines personnes aiment savoir de 

quoi parle une chanson, mais pas moi."

Pourquoi ce titre, Secret Blood ?
C’est juste une chose à laquelle j’ai songé un jour. Ma pensé qu’à la fin de la vie, le sang qui nous a traversé durant notre existence contient beaucoup d’histoires qui n’ont jamais été révélées.
Qu’est-ce que raconte précisément le disque ?
Je préfère que l’auditeur fasse du disque sa propre histoire.
Tu as créé un label exprès pour Honeybee Girls et Secret Blood après la disparition de ton ancien label Touch and Go. Qu’est ce que ça  a changé pour toi ?
La fermeture de Touch and Go a été dévastatrice pour tous les groupes qui y ont travaillé. J’étais sur ce label depuis 11 ans Et nous étions tous très proches et le sommes toujours. C’était le meilleur label aux Etats Unis et il n’y en aura jamais un autre comme celui-là. Après qu’il soit fermé, j’ai commencé à sortir mes disques par moi-même car passer par un autre label me semblait impossible.
Y-a-t-il des musiciens sans qui ta carrière ne serait pas ce qu’elle est et que tu souhaites remercier tout particulièrement ?
La plupart des groupes sur Touch and Go. Ceux qui m’ont le plus encouragée et inspiré sont Shipping News, Rachel’s et Shellac. Ils sont incroyablement encourageants et attentionnés envers moi. Ils m’ont donné une amitié dévouée et la confiance pour continuer à écrire et jouer quand j’ai commencé à parler d’arrêter.
Je remercie Shannon Wright, Guillaume et toute l’équipe de Vicous Circle.
Bertrand Redon
Les disques de Shannon Wright son distribués en France par Vicious Circle.

Shannon Wright


Il y a onze ans, l’américaine Shannon Wright, installée dans le dénuement dans la campagne de Caroline du Nord, sortait son premier album solo, Flight Safety (1999). S’éloignant du rock roots de son premier groupe, Crowsdell, elle posait les bases d’un son et d’une attitude qu’elle n’a fait que développer, et conforter en une dizaine d’albums. Elle y jouait la plupart des instruments et diversifiait significativement sa palette de sonorités.

Jeune mère aujourd’hui, elle reste cette artiste passionnée, nourrie de l’esthétique du « faites-le vous-même », do it yourself – elle citera dans l’interview que j’ai réalisée les Minutemen, Pylon et les Flat Duo Jets comme influences. Il y a aussi la scène hardcore de la côte ouest américaine – et  les Smiths, dont elle reprend en concert une chanson, Asleep, depuis 2001. Longtemps signée sur le label alternatif Touch and Go, qui abritait jusqu’à sa disparition les inamovibles Shellac (le groupe du producteur incontournable Steve Albini), elle remercie aujourd’hui ceux qui l’ont encouragée à continuer d’enregistrer des albums aux airs de floraison ténébreuse, au sérieux assumé, dans un contexte de difficultés financières. Ses méthodes n’ont pas tellement évolué, mais son rythme de production est devenu plus réfléchi. « Au début je sortais des disques de façon moins espacée, un par an environ, et je tournais énormément, ça devenait dur d'écrire de nouveaux morceaux, j'étais sans cesse fatiguée. J'ai donc commencé à me laisser du temps pour être chez moi, pour réfléchir sur la vie, et c'est devenu plus facile d'écrire. Au final, un album tous les deux ans me convient bien. »

Il n’était cependant pas question pour Shannon Wright d’arrêter la musique, jamais ; elle l’aurait plutôt faite pour elle-même, continué d’y croire dans un endroit connu d’elle seule. C’est un enchantement qu’un tel revers n’ait pas eu lieu, et, après un premier album autoproduit, Honeybee Girls, en 2009, Secret  Blood est le nom un peu énigmatique d’une nouvelle étape par laquelle Wright acquiert un peu plus la maîtrise de ce qu’elle est et de ce qu’elle veut dégager. “A la fin de la vie, le sang qui nous a traversé durant notre existence contient beaucoup d’histoires qui n’ont jamais vu la lumière du jour”. C’est cette pensée, fugitive, qui a suscité le titre du disque. Pétrie d’honnêteté et pleine d’intelligence, Shannon Wright évolue lentement et surprend toujours par ses sursauts de hargne plutôt masculine (Fractured, Commoner Saint). « S’il y a une chose contre laquelle je me bats dans ma musique, c’est l’injustice. Enfant je me battais avec quiconque se montrait cruel ou injuste avec les autres». Attaquant les maux les plus visibles, elle fait pleuvoir les coups. Mais dans le fond, elle semble suspendue à une humeur toujours égale, qui la fait balancer entre espoir et désillusion.

Chez elle, une pente remontée avec élan – ses éléments les plus incisifs et énergiques -  n’est que l’occasion de replonger, le temps d’un long travelling hanté. Wright a la lucidité menaçante et la torpeur grisante, sensuelle. Sur Secret Blood, In the Needle et Under the Luminaries opèrent une descente langoureuse et marquante qui constitue le cœur du disque. Il n’y a pourtant pas de schéma préétabli qui concoure à la réussite de l’album : « C'est tellement naturel, je ne conceptualise jamais mes albums ou pense des choses du genre ‘Oh celle-ci sera une chanson à la guitare’. Je m'assieds, je joue et quelque chose sort, je ne sais pas pourquoi, ça arrive c'est tout. C'est resté pareil, ça fait partie de moi, c'est un peu comme un besoin, j'ai ce besoin de m'exprimer ... »

La solitude, sublimée, et l’amour sont toujours au centre de paroles hermétiques, parfois seulement murmurées.  « Je ne me considère pas du tout comme une chanteuse, je me concentre plutôt sur les paroles, la guitare et le piano ». De fait c’est l’atmosphère générale qu’elle crée avec ces instruments qui guident, dans un second temps, son écriture dense et ambigüe. Difficile de déchiffrer ses textes, qui pourtant s’imposent de toute évidence une fois qu’ils s’insèrent au morceau. « Certaines personnes aiment savoir de quoi parle une chanson, mais pas moi. » Conseillée par son producteur occasionnel et ami Andy Baker, elle fera une entorse à la règle sur Honeybee Girls, se laissant convaincre de laisser sa voix couvrir la musique et non l’inverse. Honeybee Girls montrait aussi  l’intérêt de Wright pour l’expérimentation, la recherche de nouvelles idées et son plaisir à travailler en studio.

La musique de Shannon Wright provoque ce tour de force : faire de la tristesse un sentiment réconfortant. « Je n'ai jamais vu mes chansons comme contenant de la colère même si je sais que beaucoup de gens les voient comme ça.[…] C'est plus de la frustration sur la vie et des questionnements sur les gens ... mais je cherche toujours ce qui peut être bon, c'est presque un espoir que les choses s'améliorent. Donc pour moi ce n'est ni de la colère, ni négatif, c'est plus une tristesse ... et c'est toujours une recherche. » Sur On the Riverside ou Merciful Secret of a Noble Man, elle excelle à caresser cette grande sensibilité. « Je ne trouve pas la tristesse dangereuse car c’est une émotion naturelle. C’est en chacun d’entre nous. Le problème c’est juste d’être assez brave pour la révéler. »
Sur Honeybee Girls, Wright pointait la pensée dominante qui conduit à la domination masculine. « Ca me rend triste que les femmes n'arrivent pas à sortir de cette façon de penser, si elles pouvaient arrêter ça, elles auraient leur propre voix, elles pourraient trouver cette voix en elles-mêmes et ne tomberaient pas dans le piège d'essayer d'être quelque chose pour les hommes plutôt que pour elles-mêmes. » L’écueil du machisme serait en partie résolu si les hommes acceptaient leur part de féminité plutôt que de vouloir à tout prix faire la démonstration de leur virilité ; et si les femmes laissaient leur part masculine impressionner plutôt que d’accepter la soumission – dans certains cas, par confort. Voir Shannon Wright en concert, et apprécier le ton rêche de ces disques, laisse penser qu’elle œuvre incessamment dans ce sens.
Ses prestations en concert, elle les envisage  comme une communion totale avec son public. « C’est très gratifiant car je ne suis pas une artiste qui joue son set séparée du public, alors quand il est avec moi, il me porte, me donne envie de me livrer plus. Si on attend juste de moi de faire mon ‘show’, alors je n’en tire aucun plaisir. J’ai besoin de me perdre avec le public, et là nous partageons ensemble ce moment qui restera ensuite un bon souvenir. Ce sont des moments très importants pour nous tous. » Si son ancienne timidité ne l’empêche pas de redevenir elle-même pleinement lorsque elle  monte sur scène, elle n’a pas vocation à se donner en spectacle, mais plutôt à être l’origine d’un mouvement, d’une prise de conscience communs. C’est la que la force de sa vision joue un rôle prépondérant, par opposition au travail en studio qui est plutôt vécu comme une sorte de jeu.
C’est exactement le même sentiment d’injustice, sociale, morale qui donne sa sève à Secret Blood, tout en amenant l’auditeur dans des sphères peut-être encore plus adultes et crépusculaires.  Même lorsqu’elle paraît agressive, Wright continue de ne faire que défendre sa sensibilité, tout en essayant de donner le maximum de clefs à ceux qui apprécieront son travail pour y mettre dos à dos leurs propres sentiments.
Extraits d’interview : Stars are Underground (site internet) + l’interview que j’ai réalisée.

jeudi 20 janvier 2011

John Lennon - Live Peace in Toronto (1969)


Voir aussi : Double Fantasy (1980)

Les Beatles, paraît t-il, n’avaient rien d’exceptionnel en live. Ce qui rend ce Live Peace in Toronto d’autant plus intéressant. De nombreuses choses en font déjà un document exceptionnel. Le concert en question, le Toronto Rock Revival, est rentré dans l’histoire : les plus gros groupes du moment y ont participé, comme le Doors ou Alice Cooper, aux côtés de héros locaux ; 20 000 personnes y ont assisté. Mais surtout, l’idée du festival était de faire renaître les icônes du rock n’ roll des années 50, telles Little Richard, Chuck Berry, Bo Diddley et Jerry Lee Lewis, qui étaient alors largement ringardisées par l’arrivée de nouveau dieux come Jimi Hendrix, Led Zeppelin ou Frank Zappa. Ces parrains et saints patrons partageaient la scène avec les nouveaux trublions de la décadence psychédélique. Un geste fort que l’on pourrait imaginer se reproduire, à l’heure de la dispersion, de la dilution musicale. C’est imaginer PJ Harvey en plein Bercy, les Pixies dans un stade de foot. Mais bien sûr, le rock n’ roll des années 50 est loin d’être désuet aujourd’hui – Chuck Berry et Jerry Lee Lewis sont encore là pour l’incarner. Parution : 1969
Et Lennon dans tout ça ? Avec barbe fournie et costume blanc, il engageait son premier concert en trois ans, sa première apparition scénique après les Beatles – dont ce concert allait, pour beaucoup, signifier la fin. Let it Be n’était pas sorti, mais Lennon avait déjà sa nouvelle vie sur les rails, et il suffisait d’une pichenette pour lui donner l’envie nécessaire à s’intéresser exclusivement à lui, à Yoko Ono et à leur projet de paix mondiale. Le concert est taillé sur mesure pour lui, lui qui a toujours crié son amour pour Elvis Presley et le rock n’ roll. Ici accompagné par la première mouture d’un groupe constitué d’Eric Clapton – toujours d’attaque – à la guitare, du bassiste Klauss Voorman (Manfreed Man) et du batteur Alan White (qui allait rejoindre Yes), et harcelé par la danse d’une Yoko Ono survoltée habillée d’un sac blanc – le film du concert existe aussi – LennonDizzy Miss Lizzy,  Money (That’s What I Want) et Blue Suede Shoes) – et reprend l’une de ses compositions les plus intenses pour les Beatles, Yer Blues (sur le White Album, 1968). Cold Turkey, jouée à l’emporte-pièce attend encore de sortir en single.
Le groupe n’a répété que dans l’avion qui les conduisait au concert, et ça s’entend. John Lennon explique qu’ils vont reprendre des morceaux “faciles” étant donné le manque de travail en commun : “we’re just gonna do numbers that we know, because we’ve never played together before.” Rien n’est vraiment en place, mais le cœur y est, à entendre la voix puissante d’un Lennon qui s’égosille – sa prestation donne l’occasion de prendre plaisir à écouter ce qui s’apparente vraiment à un enregistrement des années 50. Il s’agit bien pour lui de chasser la pop de la liste des choses qui peuvent se passer ce soir. Si, de manière générale, Lennon a tenté de se débarrasser du maximum, voire de perdre certaines de ses précieuses qualités de compositeur en s’éloignant du groupe mythique qu’il a incarné avec Paul Mc Cartney, ce sentiment d’abandon à double tranchant commence maintenant. Le chanteur est dans une situation incongrue, en sandwich dans un concert surprise comme a pu l’être Jerry Lee Lewis le même soir, quelle que soit l’impétuosité dont celui-ci avait fait preuve ce soir-là (mais il est probable qu’il n’a pas pu s’empêcher de se prendre encore pour le meilleur).
C’est une habitude que de critiquer la prestation de Yoko Ono – hululements, chuintements, gémissements et simulations diverses – sur la deuxième moitié de ce disque, mais, en détournant ainsi l’attention de manière aussi inattendue, elle prend plutôt habilement le contrepied de Lennon en donnant un air d’avant-garde à sa récréation. Ecouter l’hallucinant Dizzy Miss Lizzy, dans lequel la béatitude d’un Lennon en perdition est transformée en moment d’hystérie surréaliste grâce à l’organe de Yoko Ono qui occupe l’arrière plan. Et ce n’est que le début du rôle de transfiguration de celle-ci, culminant sur les douze minutes de John, John (Let’s Hope for Peace) où elle entre en pâmoison. La nouvelle compagne de Lennon est aussi à l’origine du Plastic Ono Band, qui devait accompagner les vrais musiciens d’une installation constituée d’un faux groupe de boîtes en plastique. L’idée, sans doute un peu trop iconoclaste pour aller avec un Lennon épris de viscéralité, lui permet de toute façon d’enregistrer son premier album solo, l’acclamé Plastic Ono Band (1970). Lennon trouve aux côtés de sa compagne une nouvelle raison d’être. C’est le sens que l’on peut donner à son assertion que « this is what we came here for » au début de Give Peace a Chance, une chanson dont le thème préfigure Imagine et ses actions controversées pour la paix.

Label : Apple
Producteur : John Lennon, Yoko Ono
Genre : Rock n’ roll, avant-garde
A écouter : Dizzy Miss Lizzy, Yer Blues

6.50/10
Qualité : spontané, groovy, engagé

mercredi 19 janvier 2011

Tony Joe White - The Shine (2010)


Parution : septembre 2010
Label : Swamp Records
Genre : Swamp blues, rock
A écouter : Tell Me Why, Roll Train Roll, Strange Night

°°
Qualités : habité, poignant, nocturne

Pour certains, Tony Joe White, soixante sept ans, est une icône de la trempe Bob Dylan. Pour ceux qui le connaissent le mieux, il est l’héritier par excellence de la tradition musicale de Louisiane couplée à la tradition honky-tonk du Texas. Un songwriter à l’ombre des bayous, dans la traînée moite de ses propres projections, inspiré du blues de Lightning Hopkins et dont The Shine est le vingt-neuvième album.
White entame sa carrière en 1968 avec astucieusement nommé Black and White, disque sur lequel figure déjà un classique, Polk Salad Annie et son clip lugubre. Pour présenter ce premier album, il passe en France avec Creedence Clearwater Revival et Steppenwolf. Il produira Tina Turner, mais de manière générale il restera si discret qu’il faudrait encore le réhabiliter de ce côté de l’atlantique, comme l’ont fait à travers les Etats-Unis les artistes qui ont repris ses chansons, comme par exemple Rainy Night in Georgia qui a fait l’objet de plus de cent interprétations ; Elvis Presley, Ray Charles, Roy Orbison, Dusty Springfield, Etta James, et aussi Eric Clapton, Mark Knopfler, Michael McDonald, Waylon Jennings, Emmylou Harris, Lucinda Williams ou Shelby Lynne. Tous savent la différence ça fait que d’incarner quelque chose, que d’être conforté dans l’espoir que ce qu’on fait est culturellement viable à l’échelle de son pays. Ce panel de musiciens hors du commun ont largement donné à Tony Joe White des raisons de garder espoir ; ce qu’il fait, en 2010, avec une superbe simplicité qui transcende son image de vieux renard des marais de Louisiane et donne un beau contrepoint aux disques bourrés d’invités qu’étaient The Heroïnes (2004) et Uncovered (2006). C’est l’art de ne prendre aucun repos tout en paraissant immobile.
“[les chansons] questionnent toutes la vérité et la vie et des évènements diurnes ou nocturnes. », explique White des morceaux sur The Shine. “Elles sont toutes venues à moi, la guitare et les paroles, peut-être autour d’un feu de camp au bord d’une rivière avec quelques bières fraîches. Je vais m’assoir là, jouer un petit peu, et soudain il va se passer quelque chose – sauf pour celles que j’ai écrites avec Leann (White, sa femme]. C’est une personne de mots, et elle va me dire « qu’est ce que tu penses de ça », et soudain une petite lumière s’installe dans ma tête, un accord de guitare va s’imposer et allons-y. » La majeure partie des chansons semblent hésiter dans les limbes entre passé et présent, pétries d’images élémentaires – pluie, vents sifflants et animaux sauvages. D’autres chansons, telles Painting on a Mountain, se rapportent à un souvenir précis. « Nous avons une maison à Taos, Nouveau-Mexique. Notre maison est construite au dessus d’un village indien. C’est un endroit magique. A la fin de l’après-midi, le soleil suscite des peintures sur le flanc de la montagne ; elles changent quand le soleil se couche. »
Le tempo lent provoque un balancement, un abandon quasi lascif des corps qui donne aux motifs simples des compostions de Tony Joe White l’aura des meilleures réussites rock. Le magnétisme provoqué par ses chansons lentes et austères a bien sûr été assimilé au fantasme d’un certain « renard des marais » comme Dr John a été le « voyageur nocturne » - chacun incarne à sa manière la Nouvelle Orléans et ses atours ésotériques. La fascination éprouvée pour White peut être suscitée par la nature de sa musique aux différents niveaux de conscience, de l’immatériel au bien vivant – ce qu’ont compris les publics qui abandonnent leur corps aux pulsations régulières de la guitare et à la douce régularité de la batterie. La voix baryton de White, douce et effrayée, souvent à peine plus d’un murmure pour lequel il faudrait tendre l’oreille, fait sonner ses chansons d’une manière unique, honnête, naturelle, et vivante, mais une vie qui aurait pris coup sur coup (ici on pense à Johnny Cash), et qui n’en serait que plus digne de célébrations.
Plus on avance dans The Shine et plus il apparaît comme un puits miroitant une forme propre de désolation, le genre de celles qui suscitent la nostalgie – l’image même d’un vieux magasin de son enfance que l’on retrouverait fermé et vide. La musique de Tony Joe White est réduite à sa plus simple impression, habitée simplement de sa voix, de ses mots, de son harmonica. Le reste de la musique joue le rôle de murs, de sol et de plafond. « Parfois je disais ‘simplifiez’ mais c’est tout », se souvient White des sessions d’enregistrement avec ses quatre musiciens – basse, batterie, claviers, violoncelle. « J’étais presque comme un spectateur. J’avais cette sensation étrange de regarder tout le monde tandis que l’on jouait, assistant à la chanson sans faire de gros efforts pour qu’elle se mette en place. » La plupart des chansons ont été enregistrées en une seule prise, tout se passant comme si les accords qui amènent White de plus en plus profond n’étaient pas complètement de son fait. « Nous étions tous conscients que quelque chose se produisait dans l’air entre nous. Peut-être y avait-t-il des esprits autour de nous”.
Le résultat est une collection de dix chansons qui laissent libre cours à la rêverie en s’étirant souvent sur plus de cinq minutes. Tell Me Why, la plus belle de l’album, dépasse six minutes de litanie délicatement soulignée par l’orgue électrique. C’est dans ces moments entre deux eaux que la voix de White est la plus belle, et le disque ne se joue presque qu’à cette vitesse. « It takes courage to dust off your dreams.”, commente White dans ce titre. L’acte d’écriture prouve qu’il a ce courage. Et les rêves dont il est question sont effectivement dépoussiérés dans la clarté des atmosphères de The Shine. Deux chansons se démarquent aux extrémités du spectre que constitue The Shine : Strange Night capture ce que lui doivent Mark Knopfler (Dire Straits) ou Chris Rea. Roll Train Roll est, quand à elle, interprétée par White seul, dans un style de blues old-school. « Je pense que celle-ci était une façon d’être rappelé dans le passé. C’est pourquoi elle sonne comme si j’étais retourné à l’époque où j’écoutais Lightning Hopkins, quand je vivais au bord de la Bœuf River à Goodwill, en Louisiane, débutant la guitare. C’est le genre de choses que je jouais sous le porche la nuit. » Difficile de trouver plus authentique en 2011.






mardi 18 janvier 2011

Swans - My Father Will Guide my up a Rope to the Sky (2010)



Parution : novembre 2010
Label : Young God Records
Genre : Noise rock, folk alternatif, Rock progressif
A écouter : You Fucking People make me Sick, Inside Madeleine

°°
Qualités : intense, puissant, onirique

Ce qui fait de My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky une expérience rare, c’est la qualité et la radicalité des choix musicaux qui sont pris. « No Words/No Toughts », avertit le titre de la première pièce de ce premier album des Swans depuis 14 ans. Pas de mots, pas de pensées ; ce que l’on trouve ici est la substantielle moelle constituée de ce qui donne à Michael Gira, l’incarnation des Swans, l’envie de continuer ; l’instinct. Eternel étranger à la complaisance, à la musique faite pour être vendue, il parvient à réconcilier comme personne l’émotion crue, mise à nu et à la portée de chacun, et une démarche  artistique totale – il ne s’agit pas d’une relecture de tel ou tel genre musical, encore moins d’une reformation jouant sur la nostalgie pour ses Swans, mais d’une invention parfois radicale, et extraordinairement intense, que la vie pourra désormais imiter. Le peu de ce qui reste attaché à quelque chose, sur cet album hors normes, ne manque pas de charme ; on retrouve ce bruitisme cher à ce groupe apparu en 1983 et cousin de Sonic Youth. Une nonchalance malsaine, voire létale, une monotonie farouche comme le signe le plus naturel qui soit de la rébellion. A propos de Jim, le troisième morceau du disque : “je vois ce groove comme contenant la graine de quelque chose qui va continuer sur le prochain disque des Swans. Pour l’instant, je vois le prochain album comme ayant très peu de paroles et basé sur des grooves qui se transforment et le genre de sons qui vous demandent de souffrir pour les générer. » Son expérience au sein des Angels of Light, groupe plutôt folk, ces dernières années, sert également.   

My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky est le disque d’un homme persévérant. Il a raison, puisque les idées qu’il réutilise – ces guitares glauques et bruyantes – sont transformées en messages d’intention sans équivalent. Il y a toujours une part de rêve, une émotion grondante, une histoire secrète prête à surgir, parfois au bout de plusieurs minutes. Quand ce morceau de bravoure arrive, dont tout le reste ne semble être que la traînée, le scintillement superficiel mais indispensable, ce n’est jamais comme on l’imaginait. A ce titre, Inside Madeleine est un petit chef d’œuvre, ne prenant qu’au bout de cinq minutes tout son sens, mystique. Les crescendos qui amènent la révélation, la clef de chaque morceau, sont laborieux. La narration est décousue, les paroles portées sur des éléments forcément spirituels, voire religieux, quand Gira ne s’attache pas même, dans ses dévouement et sincérité, à faire le portrait d’un de ses modèles. Un agrégat de poussières cosmiques, un amalgame d’éléments auparavant sans vie, si bien réchauffés qu’ils parviennent à nous parler d’expériences humaines.

Le pivot du disque est You Fucking People Make me Sick – cette chanson à elle seule justifie que le Michael Gira ait réactivé les Swans alors que le groupe était en sommeil depuis 1996. Envisagé comme une suite de sons, un peu comme les éléments de bande sonore cinématographique condensés – et dont le caractère étrange, hors de leur contexte, se trouverait sublimé. Mais Gira va par la suite décider d’y jouer de la guitare, et y inviter Devendra Banhart, avec qui il partage le label Young God Records, à venir y chanter les paroles.

Il faut aussi dire que Gira a un problème avec sa propre voix. Il excelle pourtant dans un registre difficile, grave et minimaliste, ailleurs sur le disque. Pour No Words/NoToughts, il aurait souhaité chanter des harmonies élégiaques comme Pink Floyd sur Echoes. On ne se refait pas.

Sur You fucking People, il est allé plus loin ; sa fille de trois ans et demi chante aussi. Une drôle de démarche qui montre combien il eut être facile et naturel de faire une musique différente, en envisageant des possibilités inédites. Et c’est sans compter, à la fin de ce morceau, le piano martelé dans le notes les plus graves, et les trompettes à l’agonie et les mandolines qui lui donnent une tournure définitive. Le processus a pris énormément de temps.

Malgré l’impression que My Father… est une sorte de monolithe ardu taillé pour l’éternité, Gira lui-même a déjà des choses à reprocher à son travail. Mais les reproches en question sont davantage ceux d’un esprit jusqu’au-boutiste forcené – faire une version de vingt minutes de No Words/No Toughts, avec quinze minutes d’introduction, comme c’est le cas en concert n’est finalement pas une si bonne idée. La démarche a beau être sincère et l’énergie mise en jeu considérable, la lassitude de l’auditeur aurait eu raison des sons de cloche à outrance. « La section centrale va être allongée à 20 minutes jusqu’à ce que la dernière goutte de sang soit chassée hors de la chanson », dit Gira (s’adressant à New Noise Magazine, n°1) à propos de Eden Prison. Cette application, cette volonté d’épuiser les corps et les morceaux, est le trait de caractère des Swans et celui qui leur a valu d’êtres imités par des musiciens de la scène métal de la trempe de Neurosis. En s’éclipsant en 1996, les Swans avaient laissé à la musique lourde de beaux jours devant elle ; en revenant en 2010, ils reprennent les choses là où ils les avaient laissées, avec une force qu’ont diluée leurs suiveurs. « La plupart des groupes qui se disent influencés par les Swans ne m’intéressent pas », déclare Gira. Dans sa bouche, ça ne sonne pas comme de la prétention mais comme le professionnalisme le plus banalisé. 

mercredi 5 janvier 2011

Avi Buffalo - S/T (2010)



 Voir aussi la chronique sur le blog de Fabrice Zambau

Parution : avril 2010
Label : Sub Pop
Genre : Folk
A écouter : What's in it For, Jessica

Note : 6.75/10
Qualités : attachant, ambigu

La musique de Avi Bufalo est belle et simple, et leur histoire balbutiante véhicule cette fraîcheur que l’on attend d’un groupe avec lequel on souhaite débuter l’année. Le disque éponyme est sorti en 2010, mais peut être n’avait t-il pas sa place aux côtés de sensations indie comme Arcade Fire ou Deerhunter. Maintenant, les humeurs remises en terrain neutre, prêts à recommencer une existence comme c’est un peu le cas tous les ans, on ne peut qu’apprécier le premier effort lumineux d’un groupe folk dont les membres sont à peine sortis de l’école.

Le disque n’aurait peut-être jamais vu le jour si un jeune homme californien de 19 ans appelé Avigdor Zahner-Isenberg (Avi pour faire court) avait fini par avoir la console de jeux qu’il ne cessait de réclamer à ses parents. Avi Buffalo, il en avait rêvé au fond de la classe, et il n’y a eu qu’un pas de là à apprendre la guitare et rassembler trois amis – un garçon et deux filles – pour concrétiser sa vision. Un pas que beaucoup d’autres rêveurs ne font jamais, ou alors plus tard ; mais pourquoi attendre ? La maturité étonnante dont Avi fait preuve à l’écriture des chansons de ce premier disque est saisissante. Les paroles, qui évoquent des amours qui n’ont jamais vraiment existé et des étés à moitié ressuscités, n’auraient été que peu retouchées par un songwriter de deux fois son âge.

Dans la vie de chacun, des moments finissent conjurés lorsqu’on écoute certaines chansons ; qu’on les ait entendues auparavant ou qu’elles vous en évoquent d’autres, d’autres lieux et époques, quelques secondes seulement suffisent à vous ramener dans un endroit où vous n’aviez pas mis les pieds depuis longtemps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Avi semble avoir saisi la façon qui pouvait le guider sur ce terrain tellement couru qu’est la chanson folk ; susciter la nostalgie de manière caressante, afin d’acquérir sans effort la maturité la plus naturelle qui soit. Phrases de relations vécues ou désirs affectifs profonds et vaguement Œdipiens, le disque est toujours un ballet gracieux et précoce de mains baladeuses. Avi prend la vie à bras-le corps – « too much time to die », chante t-il comme méditation – tout en gardant une insouciance plus honnête que la nonchalance de bien d’autres. Il parvient même à ménager, à travers les tournures parfois surprenantes que prennent ses chansons – « It’s not the age I feel when by your side » un mystère, un flottement que sa façon de chanter rend réparateur. Avi Buffalo ont l’ambition de chasser l’enfance sans heurt, parviennent à partager leur émoi avec la force de l’expérience.
  
Quelques idées lumineuses viennent souligner leur talent.  Rebecca Coleman chante de concert avec lui, et ensemble ils ont l’air de deux petits chats taquinant quelque pelote qu’ils n’ont pas encore complètement démêlée, étant aux portes de l’âge adulte. C’est parfois difficile de distinguer qui chante. Ce n’est pas The Moldy Peaches, mais par moments – sur What’s in it For, par exemple - on se dit que Avi Buffalo n’a pas besoin de faire carrière derrière ce disque éponyme, qu’ils ont avec quelques voix entremêlées fait la somme de tout ce qui était possible pour eux de donner. Dans ce contexte, les chœurs semblent presque superflus, ne faisant que se réclamer de l’évidence ; Avi Buffalo, c’est quatre amis musiciens, ni plus ni moins. Qu’ils s’inspirent de groupes branchés ou hors du temps, ne fait aucune différence. Ce n’est pas leur penchant pour l’innovation qui a frappé ; mais les convergences qui se produisent parfois, comme s’ils avaient trop regardé le soleil, et qu’éblouis, ils se dirigeaient vers son cœur – pour découvrir qu’ils n’allaient jamais y parvenir. Le rock c’est l’illusion d’arriver quelque part, et Avi revient sur de nombreuses illusions qu’il a déjà combattues, l’air de ne rien faire. Elles rendent possible une chanson comme Jessica.

Le ton ne monte jamais beaucoup, malgré une guitare, toujours délicate, qui fera quelques excursions sauvages et affectives – le meilleur bout en est Remember Last Time. Musicalement, le groupe est toujours capable de rappeler pourquoi le label Sub Pop (qui a déjà signé les Shins dans la veine soft) a pu leur faire confiance. Ils font désormais partie de la bande à Mark Arm (Mudhoney) et autres Iron and Wine. Comme à un grand frère, il a pu demander à ceux-là des conseils aux difficultés sentimentales qu’il raconte : “Jessica, I’ll try my best not to make this hard/I know I took this way too far/And I can’t tell when something’s real/Nobody tells me how they feel/It’s always right beneath my nose/And if that’s just the way it goes/Then I just won’t ignore your calls”.


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