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James Vincent MCMORROW

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mardi 26 avril 2011

Smog - A River Ain't Too Much To Love (2)


Parution : 31 mai 2005  
Label : Drag City
Genre : Folk
Producteur : Autoproduit
A écouter : Say Valley Maker, Rock Bottom Riser, Let me See the Colts



Note : 8/10
Qualités : poignant, Doux-amer

Au bout de l’aventure Smog, Bill Callahan peut se targuer de n’avoir jamais été direct en étant toujours resté spontané. Son dernier disque sous son patronyme désormais accessoire poursuit vers plus de clarté et de clairvoyance, en se débarrassant de la « pornographie » de son passé, comme il le dit dans un Running the Loping aussi affectueux qu’il est amer. Affectueux car son amour des choses qu’il décrit est grand.

I’m New Here est le constat d’une révolution personnelle ; le narrateur a fait sur lui-même un tour complet, est prêt à recommencer une vie différente, sur de nouvelles bases. « Turnaround turnaround turnaround/And you may come full circle and be new here again” (“Tourne-toi tourne-toi tourne-toi/Et tu devrais faire un tour complet et pouvoir recommencer ici à nouveau »). Il assume aussi ce qu’il est et ce qu’il a fait. « Je ne suis pas différent de ce que je voulais être.» Avant de reprendre ses vieilles confrontations sentimentales : « Told her I was hard to get to know/And near impossible to forget » (« Je lui ai dit que j’étais difficile à connaître/et presque impossible à oublier »). Cette chanson, sans doute l’une de celles qui aient le plus à voir avec lui-même, qui l’exposent le plus, est aussi des plus universelles. Le poète noir américain Gil Scott Heron se l’est réaproppriée pour son album du même nom en 2010, y projetant ses propres démons. Le texte de cette chanson fait l’effet de soutenir sa vie à bout de bras, de s’en décharger sans passer par l’étape des regrets. Sa force évoque quelque rituel de passage – pour Callahan, assumer enfin d’écrire sous son propre nom.

A River Ain’t Too Much To Love s’appréciera comme un disque de chansons folk épiques, intimes et chatoyantes, imprégnées de l’atmosphère sudiste du Texas, non loin de l’influence de Wille Nelson. Say Valley Maker est sans doute la meilleure d’entre elles, poursuivant dans la veine d’une longue série de chansons étudiant les affres d’Épinal de l’amour. « Because there is no love/Where there is no obstacle/And there is no love/Where there is no bramble/And there is no love/In the unerring/And there is no love/On the one true path”(“Parce qu’il n’y a pas d’amour/quand il n’y a pas d’obstacle/Et il n’y a pas d’amour/Quand il n’y a pas de ronces/Il n’y a pas d’amour/Et il n’y a pas d’amour/Dans l’instinct/Et il n’y a pas d’amour/sur un seul vrai chemin ») Dans son adresse habituelle, il s’en remet à la personne invisible, à travers laquelle les rivières et les plateaux, les arbres et les pierres, deviennent symboles de passion. « So bury me in wood/And I will splinter/Bury me in stone/And I will quake/Bury me in water/And I will geyser/Bury me in fire/And I’m gonna phoenix/” (“Enferme-moi dans le bois/et je vais éclater/Enferme-moi dans la pierre/Et je vais trembler/Recouvre-moi d’eau/Et je vais jaillir/Jette–moi dans le feu/Et je vais renaître de mes cendres. »)

Son aise ne peut masquer ses sentiments concernés pour l’état du monde. S’il retrouve une seconde jeunesse, c’est pour redoubler d’adresse à porter les maux de société et les souffrances humaines, à leur donner par un jeu de miroirs les formes de son propre passé. Sur I Feel Like the Mother of the World, il apparente les conflits globaux aux anciennes disputes familiales. “And my mother my poor mother/Would say it does not matter/It does not matter/Just stop fighting ” (“Et ma mère ma pauvre mère/dirait que ça n’a pas d’importance/Ca n’a pas d’importance/Arrêtez juste de vous battre”) Avant de porter le regard de l’adulte qu’il est devenu : “ Oh do I feel like the mother of the world/With two children fighting” (“Oh, je me sens comme la mère du monde/Avec deux enfants qui se battent”). Il prêche pour la paix ; un sentiment qui naît, sinon dans la contemplation, dans la sagesse du vécu et dans l’amour de l’autre. Tant qu’à être étranger au plus grand nombre, autant s’y adresser librement. C’est toujours la réalité de la vie qui triomphe, contre les fantasmes : « God is a word/And the argument ends there ». Le ton est pourtant moins définitif qu’il veut laisser le croire ; l’argument fait mieux que de se stopper net. Il est absorbé par un karma affamé pour être réétudié quand le temps aura passé… Sans Smog, le jeu personnel de Callahan à se saisir de notions et à marquer son environnement de son empreinte allait encore s’intensifier.

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