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mercredi 1 juin 2011

Concert - Bill Callahan à San Sebastian [21/05/11]


C’est samedi, et le vieux centre de San Sebastian, ville balnéaire Espagnole à 15 km de la frontière et à l’ouest du pays, est bourré de monde, animé en diable, bruyant comme seule une ville espagnole peut l’être, surtout depuis que la colère du pays s’est réveillée.  Il y a toujours ici plein de surprises, de rassemblements, de spectacles, de groupes déguisés – le mardi gras y était sans équivalent en France.  Le Teatro Municipal se trouve au beau milieu de l’agitation générale, et on a peine à croire que le tranquille Callahan soit à l’affiche ; l’humeur est à l’explosion plutôt qu’à l’introspection. Depuis les coulisses, on jurerait qu’il entend encore la rumeur de la rue ; depuis le balcon, elle est très nette, mais, heureusement, elle disparaîtra une fois le concert entamé. Le vieux théâtre, magnifique en or et rouge, ne se remplira qu’au dernier moment. Sophia Knapp démarre ; comme l’a pointé Mathieu, témoin du passage de Callahan sur Paris, elle est incontestablement douée, d’autant plus que l’exercice en solo est difficile, mais sa formule de folk pop un peu 80’s manque d’épaisseur. Elle prendra plusieurs fois la parole (« C’est un chanson d’amour »), en franglais malheureusement. La frontière est à peine passée et elle aura encore trois dates espagnoles pour prendre l’accent local.

Callahan, accompagné de Neal Morgan à la batterie et de Matt Kinsey à la guitare, entre sur scène sur la musique de Kraftwerk. Eux s’assoient, lui restera debout. L’album est Trans-Europe Express, et les morceaux que l’on a entendu donne déjà parfaitement le ton de la psyché de Callahan ; un Europe Endless de rigueur à quelques jours de la fin de la tournée, suivi de Hall of Mirors, morceau d’une lenteur lugubre sur lequel Hütter chante d’un ton désaffecté : « Even the greatest stars/Live their lives in the looking glass » et enfin Showroom Dummies (« mannequins de vitrine ») qui fait assez fidèlement écho à la posture raide de Callahan ou de Morgan sur scène, et tend vers le type d’humour dont l’auteur de chansons use parfois. La mélodie simpliste et inoubliable de ce dernier titre est reprise en cœur par le public. Voir Callahan immobile dans son costume beige, attendant que Showroom Dummies se termine pour pouvoir commencer son propre concert est déjà excellent. Son idée est de s’introduire par Riding for the Feeling, la chanson la plus fine sur son dernier disque, Apocalypse (2011). Sa voix est la plus profonde et la plus grave à cet instant, à tel point que l’on peut sentir le sol vibrer dès « It’s never easy to say goodbye/To the faces ». Un entrée en matière des plus dignes, déjà très mélancolique. Baby's Breath arrive seconde, et Callahan se met ensuite à alterner les nouvelles chansons avec quelques classiques qu’il a l’habitude d’interpréter.


Les chansons issues de Sometimes i Wish we Were an Eagle, Too Many Birds, Jim Cain et Rococo Zephyr,  reçoivent le meilleur accueil. Our Anniversary (interrompue le temps pour Callahan de boire quelques gorgées d’eau, après que sa voix ait pris une texture comique) ou Bathysphere sont des morceaux formidables mais Callahan pourrait exhumer des titres qu’il n’a pas l’habitude de jouer, se renouveler… Cet acte de réinvention se fera du point de vue sonore, pour des résultats mitigés. Eid Ma Clack Saw est ainsi désaccordée, étrange ; Matt Kinsey, s’il peut être subtil à la guitare électrique, notamment sur les titres d’Apocalypse, devient parfois envahissant. Son action destructrice des harmonies est commandée par la malice de Callahan (c’est là que l’ancien garçon échevelé de Wild Love questionne sa propre élégance), mais devient un peu pénible à la longue. Certains morceaux s’éternisent dans des outros pleines de redoutables larsens ; Say Valley Maker devient prétexte à sa propre apocalypse, se terminant dans une cacophonie punitive ; dommage lorsqu’on sait combien les prémices des mêmes chansons sont fabuleux de mesure. Du même coup, le concert s’étire, le temps devient long. Si tout avait pu être comme Riding for the Feeling ou le concis Free’s…  Neal Morgan sort son épingle du jeu, comme d’habitude. On l’a vu aux côtés de Joanna Newsom, il a enregistré avec elle Have One on Me (2011), et demeure fidèle à Callahan au moins depuis deux ou trois ans. Sa nervosité extraordinaire se transforme en l’espace de quelques secondes en délicatesse infinie, son désir d’expérimentation et son imagination se retranscrivent dans l’instant ; son jeu est feux d’artifices percussifs et cavalcades. America ! devient son terrain, c’est aussi là que Kinsey émet ses meilleures ondes.  La dimension comique de l’ensemble est souligné par le fait que deux personnes derrière moi passent une bonne partie du concert à pouffer. Il est vrai qu’entendre Callahan invoquer « Sergeant Cash » avec un entrain doux-amer, avant que Kinsey n’y aille de sa parenthèse électrique brutale provoque un sentiment assez rare.

 

2 commentaires:

  1. salut,

    J'ai la sensation qu'il manque une conclusion à ton compte-rendu, qu'il se termine un peu en queue de poisson, au bord du vide.
    Je sens que l'impression général est mitigée, mais quel était ton état d'esprit lorsque tu es sorti de la salle ? Qu'en retiens-tu aujourd'hui ?

    Pour ma part, qui n'ai vu Callahan live qu'en vidéos sur le net, je suis amusé par l'aspect comique et décalé que tu prêtes à certains moments de cette prestation.

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  2. J'ai été enchanté par l'interprétation des nouveaux morceaux, moins convaincu par l façon dont il a traité certains des anciens... Je l'avais vu seul avec Morgan, et je ne suis pas sûr que la guitare apporte quelque chose de positif.
    Merci pour le commentaire !
    Bonne journée

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