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samedi 22 octobre 2011

Tom Waits - Bad as Me (2011)





Parution
octobre 2011
LabelAnti-
Genre
Blues, Folk-rock, Auteur
A écouterTalking at the Same Time, Put me Back in the Crowd, Last Leaf
°
Qualités
poignant, varié, romantique, doux-amer

Dans ses concerts en 2007, quelques chanceux ont pu voir Tom Waits réinterpréter des chansons qu’on croyait bannies à jamais de son répertoire : Wish i Was in New Orleans, Invitation to the Blues, Whistlin’ Past the Graveyard, Blues Valentines ou Heartattack and Wine, datant de sa première période jazz/sentimentale/éthylique et des albums Small Change (1976) Blue Valentine (1978) et Heartattack and Wine (1980), ce dernier un chapitre charnière de la discographie de Waits. Il devint ensuite l’original et l’excentrique que nous croyons connaître, capable de lever une petite armée d’instruments enchantés, conçus de pièces de décharge, obéissant occasionnellement au ballet des balais maniaques de Fantasia et son Apprenti Sorcier, tout en penchant au moment de Rain Dogs (1985) davantage du côté de la comédie musicale type les Aristochats. On s’attachait à ce Waits-là, celui qui enregistrait Somewhere pour West Side Story (1961), ou qui entonnait la chansonnette en duo avec Crystal Gayle dans le film de Francis Ford Coppola, One From the Heart (Coup de Cœur en français, 1982), perdu quelque part entre les comédies classiques et le revival rétro qui arriva quinze ans plus tard.


L’histoire désuète de deux amoureux à Las Vegas qui décident de partir chacun de leur côté le jour de leur cinq ans de rencontre et se retrouve à la fin de la nuit, après avoir fait chacun une rencontre. C’est un peu celui que l’on retrouve dans Kiss Me, l’une des quelques chansons miraculeuses sur Bad as Me où un piano bastringue, une guitare élégante jouent sur la transparence d’un personnage. Maintenant débarrassé de la boisson et toujours capable de fendre notre cœur. « Kiss me/I want you to kiss me/Like a stranger once again » chante t-il sur Kiss Me, et on veut y croire, se plonger dans cette relation qui n’est peut être pas aussi factice que cela – car Waits connaît le grand amour, durable, avec sa muse d’après les excès et Ricky Lee Jones (une relation artistique et amoureuse entre 1977 et 1979, avant Pirates), une autre artiste, Kathleen Brennan, justement rencontrée sur le plateau de One From the Heart. La vie de Waits est souvent digne d’un film, alors d’une chanson…


Sept ans après que son dernier album solo, Real Gone (2004), Waits veut sur Bad as Me se reposer ses points forts, et c’est un succès tant qu’il ne redevient pas un gosse turbulent. Il y signe plusieurs de belles ballades, dans lesquelles il sait le mieux faire sens de mots qui cherchent à vous protéger, à vous serrer dans leurs bras chaleureusement. Mais il est parfois plus agité qu’habité, ne pouvant empêcher de temps à autre à un travers cacophonique de prendre le dessus tandis qu’il se met à éructer des paroles un peu caricaturales – sur Satisfied, Raised Right Men surtout. La chanson Bad as Me gagne quant à elle par le panache et le personnage : « No good you say/Well that’s good enough for me », grommelle Waits avant de reprendre son blues aux amphètes. Des titres un peu over-the top donc, et sans doute lassant après quelques écoutes. Le travail du guitariste Marc Ribot, un invité constant du disque, est pourtant remarquable, pleins d’interjections. On notera la participation de son vieil ami Keith Richards, que l’on préfère d’ailleurs sur Last Leaf, une ballade immémoriale. « I’m the last leaf on the tree/The autumn took the rest but they wont take me.” Elle n’a pas déjà été enregistrée avant ? C’est un comble. C’est quand Bad as Me semble vouloir adoucir le temps passé – Back in The Crowd, Last Leaf – qu’il est le meilleur.


Waits s’est toujours attaché à faire émerger différentes formes de conscience sociale dans ses chansons. Pendant tout un pan de sa carrière, il s’est surtout engagé derrière les vies brisées, chantant son blues urbain pour les laissés pour conte et les marginaux de campagne. Avec le phénoménal Bone Machine (1992) il s’est attaqué aux questions environnementales et globales, nous gratifiant entre autres, dans un falsetto lugubre et mémorable, d’une de ses tirades les plus réalistes : « We're chained to the world /And we all gotta pull/And we're all gonna be/...just dirt in the ground » (Dirt in the Ground). La voix est la même la même à l’endroit de Talking at the Same Time, l’une des meilleures chansons de Bad as Me. La peine lui convient au moins aussi bien que les fanfaronnades, en témoigne Face to The Highway. Il décrit un pays où l’information omniprésente prend le pas sur les actes de reconstruction, ne semant que davantage de confusion. Sur Hell Broke Luce : « How is it that the only ones responsible for making this mess/Got their sorry asses stapled to a goddamn desk”. C’est sur cette note joyeusement insultante que nous terminerons, laissant en suspends la carrière d’un homme qui a dépassé, à moins de surprise majeure, le point d’orgue de sa carrière.

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