“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

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Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

jeudi 12 janvier 2012

10 disques pour 2011

1 - PJ Harvey

Let England Shake

Si PJ Harvey se portait candidate comme premier ministre anglais aujourd’hui, elle aurait des chances de gagner. Et ce n’est pas seulement parce qu’elle a rencontré David Cameron et George Brown au cours d’émissions télévisées. L’opinion publique apprécie qu’elle se bonifie avec le temps, confortant sa crédibilité en tant qu’artiste, prenant de l’épaisseur. De surcroit, Let England Shake s’inscrit dans la lignée des grands disques politiques de son pays – London Calling des Clash, Actually des Pet Shop Boys, Different Class de Pulp, The Liberty of Norton Folgate de Madness, etc. « Nous avons tous cette relation d’amour et de haine vis-à-vis de la nation au sein de laquelle nous sommes nés.», déclarerait t-elle en ouverture de son meeting.

Tout comme le précédent White Chalk (2008), Let England Shake est une œuvre achevée. PJ Harvey utilise les seuls mots possibles et la meilleure façon de les chanter. D’une matière littéraire, de son imaginaire et de son affectif, elle a créé des chants destinés à être repris sur tous les terrains, par les corps meurtris après le combat, par tous ceux qui se reconnaissent dans sa liberté d’expression. Sur d’anciennes terres luxuriantes labourées par la guerre, sur tous les champs de ruines que laisse notre époque, ici et maintenant.

2 - Cass McCombs

Wit's End

3 - Other Lives

Tamer Animals

4 - Ry Cooder

Pull up Some Dust and Sit Down

Une occasion particulièrement belle pour Ry Cooder d’embrasser un cocktail de styles unique et de nous gratifier de son jeu de guitare parmi les meilleurs au monde. Bluegrass, blues, country, jazz, calypso, rumba, une authentique multitude, au service d’une critique pleine d’humour du système bancaire.

El Corrido de Jesse James est une valse fantaisiste – accordéon, mariachis, etc. - et grinçante, réhabilitant le célèbre voleur de banques et lui donnant pour mission de mettre de l’ordre à Wall Street, colt en main. Avec John Lee Hooker For President, Cooder nous fait partager son amitié, son admiration pour le célèbre bluesman, avec la même jubilation qu’il met à pourfendre l’injustice sociale.

5- Fleet Foxes

Helplessness Blues

« Etre coude à coude, pour moi c’est le sentiment qui reflète le mieux la musique », dira Robin Pecknold, chanteur et parolier des Fleet Foxes, artiste au diapason des émotions les plus chaleureuses. 2009 vit le groupe interpréter inlassablement sa musique sur les routes. La création d’Helplessness Blues a été marquée par l’envie d’en découdre d’avec les doutes existentiels accumulés pendant cette période. La voix de Pecknold et les harmonies anciennes, ainsi qu’une large palette instrumentale, font des merveilles.

Le groupe est partie prenante de la « vieille Amérique bizarre » du critique rock Greil Marcus. Les influences incluent Astral Weeks, l’album hypnotique de Van Morrison. Helplessness Blues est un origami insolent après le premier disque éponyme (2008), ses pop songs de trois minutes et ses harmonies naturelles comme un lever de soleil. Si Montezuma vous fera retrouver vos marques en termes d’immédiateté, Blue Spotted Tail se situe, au terme d’un disque sinueux, davantage dans l’ombre de Léonard Cohen que dans l’éclat des joyaux primitifs de lumière vivante (petite référence à Tolkien, dont Pecknold fut un lecteur assidu) du premier disque.

6 - Josh T.Pearson

Last of the Country Gentlemen

En 2001, le barbu texan Josh T. Pearson enregistrait sa première offrande à Dieu, mais les critiques mécréants n’y virent que du feu. Son trio, Lift To Experience, qui servait de véhicule à la verve passionnée de l’auteur, fit pourtant l’objet d’un culte secret se révélant plus largement aujourd’hui, quand réémerge le talent de Pearson sur son album solo, Last of the Country Gentlemen (2011). L’artiste, un peu illuminé, est capable d’écrire des chansons country-folk fleuves, des confessions jusqu’au-boutistes.

Enregistrées magnifiquement avec l’aide de Warren Ellis au violon (officiant habituellement auprès de Nick Cave ou au sein de son propre projet, Dirty Three), elle seront aussi interprétées magistralement en live, en dépit de leur complexité émotionnelle et de leur profondeur rare.

7 - Destroyer

Kaputt

Dan Bejar, responsable des chansons du sextet, est réputé pour son humour kaléidoscopique, pour la profusion de ses références littéraires et musicales – New Order et la musique sournoise de Manchester en particulier, mais aussi Brian Ferry. Sur Kaputt, sa voix s’est effacée, détachée, et les compositions démembrées.

Les forces avec lesquelles joue Dan Bejar n’ont pourtant jamais été aussi palpables, émergeant d’un mélange sensuel et organique, tournant le mirage nostalgique à son avantage. Le disque ne vous laisse que l’illusion d’avoir le champ libre ; Destroyer se donne une forme racée et séduisante – ce saxophone ! - tout en demeurant aérien. Bejar passe beaucoup de temps à lire – les livres et les femmes, pêle-mêle... « I’ve thumbed through the books on your shelves ». Il semble sur Kaputt plus confortablement installé que jamais.

8 - Deerhoof

Vs. Evil

« Le groupe vit une crise identitaire permanente. Nous n’avons aucune idée de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. »

Cette phrase de Greg Saunier pourrait être le leitmotiv de ce groupe expérimentaliste, éclaté entre le Tokyo de la chanteuse et bassiste Satomi Matsuzaki et New York. Deerhoof mélange depuis presque quinze ans le processus d’enregistrement avec l’écriture des chansons, avec des résultats explosifs, concis et psychédéliques.

«Hello hello hello/Atomic bombs are going to explode.» Saunier donne le ton, surréaliste, des paroles. « This is not based on a true story », tempère Matsusaki sur Secret Mobilization. Prôner une attitude DIY n’empêche pas le groupe de profiter d’une production redoutable, qui ne fait que donner au songwriting fracturé et marqué de profusion un relief plus affuté. Leur constance dans l’excellence depuis Reveille (2002) joue aussi en leur faveur.

9 - Candye Kane & Laura Chavez

Sister Vagabond

Chanteuse blues de l’école Bessie Smith, Candye Kane fait se rencontrer extravagance et réalités de la vie dans une écriture travaillée avec persévérance, à tel point qu’il est aujourd’hui impossible de démêler une reprise suggestive de Johnny ‘Guitar’ Watson d’une composition originale. Elle est capable de transformer une ancienne chanson de pied en cap, profitant de sa collaboration avec une guitariste d’exception.

10 - The Twilight Singers

Dynamite Steps

Seul membre permanent des Twilight Singers, Greg Dulli sonne toujours, après vingt ans, comme s’il pouvait tout quitter pour les créatures qu’il chérit dans ses chansons, comme s’il pouvait abandonner sa carrière pour elles. Il fait se rencontrer plusieurs mondes interlopes, se divise entre Los Angeles et la Nouvelle Orléans. La dualité caractérise le mieux Dulli ; deux lieux, deux groupes talentueux (les Afghan Whigs dans les années 1990, en passe de réenregistrer un disque aujourd’hui, et les Twilight Singers, depuis 1997) et un alter-ego, Mark Lanegan, le ténébreux chanteur des Screaming Trees à l’époque des Whigs, encore invité sur Dynamite Steps.

Un album à la cohérence irréprochable et beaucoup de très bonnes chansons laissant s’exprimer les aspirations lyriques et la sensualité soul qui fascine Dulli. Sa voix oscille entre grognement enragé, ténor de velours et falsetto tendu, sur des compositions séduisantes et solides. Les Twilight Singers, ont cette aisance à décrire de façon cinématique un monde noctambule dangereux, empli d’enseignes néons clignotantes, de fumée bleue et de plus de débauche et de vice que ce que la plupart des gens expérimenteront dans toute leur existence.

11 autres disques dans Trip Tips n°17.

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