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mercredi 25 avril 2012

Shabazz Palaces - Black Up (2011)


Parution : 2011
Label : Sub Pop
Genre : Hip-hop
A écouter : Free Press and Curl

°
Qualités : original, hypnotique

Shabazz Palaces est un duo de hip-hop expérimental dont le précepte, énoncé en chanson, est « If you talk about it, it’s a show/But if you move about it, then it’s a go.” En insistant pour replacer leur musique percutante et curieuse au cœur du business plutôt que leurs personnalités, Ismael Butler et Tendaï Maraire ont apporté la cerise sur le gâteau à ceux qui trouvaient déjà le disque génial. De peur de 'polluer' la musique, il ne faudrait sans doute rien évoquer de leur passé, et ne pas répéter ce que Butler a répondu lors d’interviews révélatrices. On se contentera du premier impératif, en précisant toutefois que Black Up n’est pas le premier enregistrement de Shabazz Palaces et que Shabazz Palaces n’est pas le premier projet de Butler. « Ca ne veut pas dire que nous cherchons à être mystérieux ou à se dissimuler derrière l’anonymat, nous avons simplement enregistré la chanson. Qu’y a-t-il d’autre ? Je pensais qu’il s’agissait de musique, pas de conversation.» The Revolution Will not be Televised, disait Gil Scott Heron en 1969.

Des groupes tels que Shabazz Palaces ont toujours existé. Il n’y a rien de vraiment nouveau dans leur démarche, mais davantage dans leur son ; c’est leur poésie posée sur des beats fracturés et des trames aérées et synthétiques qui a attiré l’attention en premier lieu et qu’ont apprécié l’équipe de Sub Pop, à Seattle, ville dont le duo est originaire. Quand on lui dit que Shabazz Palaces est un groupe différent, Butler en prend le naturellement le contrepied : "Je pense que nous avons plus de similarités [avec la scène rap] que de différences. C’est toujours du hip-hop, c’est toujours du rap, c’est toujours la culture Noire. » Shabazz Palaces est ancré dans un genre qui a l’habitude de frapper là ou ça fait mal, et ce n’est pas une expérimentation sur les textures et les structures des chansons (qui finissent très loin de là où elles ont commencé) qui va occulter cela. Butler est fan de Lil Wayne, de Rick Ross, et de Bun B. Il se bat comme les autres contre la mondanité ambiante et l’hypocrisie. Black Up n’est, astucieusement, que la locomotive avec des wagons de déclarations à suivre, concernant par exemple les journalistes insidieux, mais promouvant plus souvent les qualités positives de sa musique - ses connections artistiques et symboliques, le jeu de masques et le mystère qui renvoie aux vieilles traditions Africaines. Butler rappelle qu’un moment présent bien exécuté doit capturer une part de passé et d’avenir – ce qui se traduit respectivement en rap par le  ressentiment et la mise en garde destinée aux jeunes générations. Et Black Up sonne comme quelque chose de frais, de jeune, malgré l’expérience accumulée par Butler depuis 1993 et Reachin' (A New Refutation of Time and Space), le premier album d’un projet baptisé Digable Planets.

Pour respecter l’adage qui débutait cet article, il ne faudrait donc ne consacrer ses mots qu’à la musique contenue dans l’album. Cependant, Ismael Butler serait d’accord pour dire que ‘it’s a feeling’(Are You…Can You….Were You? (Felt)) : ce n’est qu’un sentiment. Subjectif, volatile, capable de changer. « Je ne sais pas vraiment d’où viennent les idées. Ce n’est peut-être même pas moi qui les génère, elles proviennent d’un endroit que je ne suis même pas capable de nommer, mais je les ressens. Et quand elles se réalisent, c’est la combinaison de tant de motivations et d’instincts que je ne pas les définir avec autorité. Je n’ai pas le talent et l’habileté pour décrire [ce que je fais]. » Ne donnant aucun clef de compréhension, Butler se refuse à assumer des textes parfois agressifs, et ce malgré le plaisir qu’il a eu à les travailler dans leurs grooves disparates. Il y a des mantras, type ‘you know i’m free’ sur Free Press and Curl ; des questions, et de vraies énigmes. « Things are looking blacker but black is looking whiter » est possiblement un commentaire sur la récupération par des caucasiens de la culture noire américaine avec des sites comme Pitchfork.

Même s’il ne met rien de concret en valeur, ni personne, ni message – on sait que Butler s’est réinventé, s’est sophistiqué. Ce qui rend l’album étrangement facile, agréable même à écouter, c’est le manque délibéré de volonté de la part de Butler de faire des connections trop littérales à son environnement, même si le contexte l’agresse manifestement autant qu’il agresse un Danny Brown ou un MC RIDE.

Black Up, c'est aussi la rencontre de Butler avec Stasia Iron et Catherine Harris-White du duo de hip-hop THEEsatisfaction, deux jeunes femmes qui se livrent à l’inconnu à deux reprises sur Black Up, avant d’être invitées par Sub Pop à faire le grand saut à leur tour. Ce qu’elles font avec AwE NaturalE en 2012. Les voix des deux chanteuses sont une belle addition à un album qui procède autrement surtout par soustraction.

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