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jeudi 26 avril 2012

Sinead O'Connor - The Lion and The Cobra (1987)

Melody Maker décembre 1987.

Parution : 1987
Label : Chrysalis records
Genre : Rock alternatif, Chanteuse, songwriter
A écouter : Troy, Jerusalem, I Want You (Hands on Me)

°
Qualités : romantique, intense, vibrant, lucide

Ré-enregistré deux fois avant sa sortie en 1987, pour paraître moins 'celtique', The Lion and The Cobra avait été salué comme l'une des meilleures surprises de l'année 1987. C'est un tour de force pour O'Connor, qui le produit, écrit toutes les chansons et joue la guitare sur la plupart des morceaux. On la compare alors à Kate Bush, à Peter Gabriel ou à Prince, et on ne manque pas de déceler ses liens avec les milieux du punk et du rap (elle déclarera plus tard avoir un faible pour N.W.A.). Le son, riche, expansif, y est alourdi de passion torturée. L'album a cette particularité de déborder d'insatisfaction malgré toute l'exaltation spirituelle qu'il contient.

Enregistré au cœur des années 80, The Lion and The Cobra sonne inévitablement comme un album de so époque, une boites à rythmes remplaçant la batterie, sonorités sinusoïdales et guitares métalliques héritées du post-punk et du David Bowie de Scary Monsters (and Super Creeps) (1980). Des incursions en folk d'héritage celtique, pop orchestrale ou hip-hop nous assurent que The Lion and The Cobra est différent des autres albums de cette période ; et c'est sans compter les textes que l'on se prend assez violemment de face. C'est un album de chansons aux thèmes simples, pris à coeur – amour et politique - surmonté d'une pochette et d'une aura symbolique intimidante. Le titre se réfère directement au psaume 91, dans lequel Dieu promet de protéger les hommes du lion et du serpent, qui représentent le danger. C'est O'Connor partant en croisade, dans les prémisces d'un engagement qui fera long feu ; comme Bob Marley lorsqu'il fut représenté tel Saint George terrassant le dragon sur la pochette de son album posthume, Confrontation (1983). Il faudra s'habituer avec Sinead O'Connor ; toute récit d'une ancienne promesse réveille la crainte qu'elle n'ait pas été honorée, ou qu'elle ait été progressivement bafouée. Du haut de son intransigeance, O'Connor retourne le couteau dans la plaie de trahisons parfois immémoriales. D'ou son intérêt pour l'histoire de son pays en particulier. Elle apprendra a être -un peu – plus détachée, mais reste une artiste de contexte.

Bouleversante par l'intensité de sa dévotion, pour frapper les esprits Sinead O'Connor emprunte - ça ne durera pas - le tempérament de Siousxie Sioux, la chanteuse qui avec son groupes les Banshees peut se targuer d'avoir eu l'une des carrières punk les plus longues et les plus remplies de succès de l'histoire musicale anglaise. Un personnage clef, ici, est Marco Pirroni, ancien guitariste à la fois auprès de Siousxie et d'Adam and The Ants, un autre acte auquel on pense très fort parfois, comme au cours de la chanson Jerusalem. En démarrant avec Jackie, une chanson hantée qui raconte l'attente d'un amour parti en mer, O'Connor nous plonge dans une ambiance austère, grave. Il est clair dès la chanson suivante que vous pourrez danser sur la musique de Sinead O'Connor, mais pas sans arrière pensée – et c'est encore vrai avec What About I Be me (And You be You) en 2012.

Sinead O'Connor est alors l'une des chanteuses à la voix la plus puissante au monde, portée par une conviction inégalée, et c'est particulièrement vérifié sur Troy, qui mêle vulnérabilité, furie, théâtralité et conviction dans une ode romantique, tout faisant revivre l'incendie de Troie. Psychodrame viscéral, Troy sera très peu jouée en concert, avant qu'une version donnée dans un spectacle récent, très différente car interprétée à la guitare acoustique, n'apparaisse en 2009 sur la réédition 2CD du deuxième album de la chanteuse, I Do Not Want What i Haven't Got. L'habileté vocale d'O'Connor redynamise la chanson en restaurant sa dimension dramatique. De manière générale, dans le cas de la chanteuse, les bonnes versions de chansons données en concert surpasseront les enregistrements des albums studio.

O'Connor hurle parfois ; ou murmure parfois comme un chaton, selon une habitude qu'elle va peut à peu développer. Impressionnant d'entendre la chanteuse devenir soudain si inoffensive, avant de provoquer de nouveau : « Getting tired of you doing this to me/I'm gonna hit you if you say that to me ». Humeurs qui reflètent les registres variés de la musique... The Lion and the Cobra est le signe d'une maturité étonnante, de la part d'une artiste qui n'a enregistré auparavant que la bande originale d'un film (The Captive, avec the Edge, de U2, à la guitare). Maturité et engagement qui vont culminer avec son album suivant.

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