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mardi 3 septembre 2013

NO AGE - An Object (2013)

 
 

OO
Expérimental, fait main, sombre
Noise rock, Indie rock
 
Il y a presque 4 ans (!), quand Losing Feeling est sorti, j’étais très optimiste quant au potentiel de perfectionnement de ce groupe qui frisait alors les mélodies en lorgnant vers la pop, Dean Spunt produisant avec sa voix ce qui s’apparentait à des mélodies vocales. Il ne chantait plus du tout dès la troisième chanson, Aim at the Airport, qui pourtant était supposé capter l’essence du No Age d’alors, caressant et rêveur. A peine 4 morceaux qui apaisaient l’obsession du duo pour la fragmentation.
Une séparation à l’œuvre dans leurs compilations, leurs albums expéditifs et à l’intérieur de leurs ‘chansons’ bruyantes, où le collage d’éléments antinomiques était la règle, avant (Nouns, 2009) et après (Everything in Between, 2011) Losing Feeling. Les 4 morceaux, à l’image du final You’re a Target étaient simples et relaxés, aussi doucement revêches que du My Bloody Valentine.
Mais Dean Spunt et Randy Randall sont plus consciencieux que cela. On aurait même pu croire, après les 38 minutes de Everything in Between, qu’ils allaient cesser de se comporter comme une moitié de Sonic Youth produisant une moitié de Daydream Nation, recruter un troisième membre et étoffer leurs albums d’émotions plus intenses. Leur musique continue cependant essentiellement de parler de ‘tout ce qui se trouve entre’, les sons atones et bruitistes, les instruments traités en machine, les feedbacks aériens et autres sons restreints, étouffés quelques instants  après avoir commencé à nous ravir. La production, les effets sont le levier par lequel l'album nous captive après quelques écoutes.
Sur An Object, cet enchaînement de plages, réglé avec un sens du timing facile à sous-estimer, entraîne les accusations de conspirations corporatives vers une détresse individuelle, en à peine 29 minutes. Les fractions de seconde qui séparent les chansons les unes des autres permettent dans la plupart des albums de servir de pont pour changer légèrement d’ambiance ; dans An Object, la chanson suivante est, de prime abord, la parfaite continuation de la précédente. C’est sans vraiment s’en rendre compte que l’on bascule peu à peu dans une morosité étrangement salutaire. An Impression et son violon électrique est un signe de l’introspection qui s’installe et trouve son point culminant dans Running Form A Go-Go. On pense à Joy Division, autant pour l’humilité de Dean Spunt lorsqu’il chante « There’s no escaping when it pays your way/ I tell myself it’s one more day/ and one more night alone again.” que pour ce sentiment de fièvre dormante qu’on ne peut plus prendre pour de la désinvolture ou de la rêverie. Et aussi, difficile de ne pas trépigner nostalgiquement en croyant entendre Transmission, le single nerveux d'octobre 1979 sur lequel Ian Curtis finissait par exulter cyniquement "dance dance dance to the radio". La 'transmission', ici, c'est I Wont be Your Generator, une chanson qui contrecarre sans subtilité inutile les tentatives des labels pour acheter l'idéalisme de leurs groupes et leur donner une belle image. La sensation qu'il puisse s'agir d'une guerre datée fait reposer l'album autant sur sa colère que sur une memorabilia (une manne de souvenirs) étonnement épaisse pour prendre sens en une seule petite demi-heure.  
Cette détresse est rendue plus forte par le don de No Age à se rapprocher au plus près de ceux qui les écoutent, leurs chansons donnant l’impression qu’elles peuvent être manipulées, que la prochaine écoute sera celle où l’on en  découvrira toute la force émotionnelle ou au contraire, le détestable cynisme. Fabriquer et envoyer eux-mêmes An Object pendant l’été 2013, en incluant parfois à leurs livraisons des dédicaces et des dessins de leur main, n’a fait que les rapprocher encore de leurs fans tout en les mettant un peu plus à part, dans un monde où faire soi-même des paquets et mettre l’accent sur le fait qu’il ne s’agit que d’un objet’ parmi d’autres, se refusant toute marque de différenciation, est peu propice à créer le buzz.  
Les sons s’entremêlent, résultats d’une longue recherche pour qu’aucun d’entre eux ne prenne mieux de prenne le dessus, la batterie étant par exemple la meilleure lorsqu’elle est suggérée, avalée par la guitare et la voix. Lock Box ressemble à un bootleg des Ramones, sauf que c’est une chanson patiemment rendue pour produire cette sensation d’enfermement, de restriction que l’on peut ressentir lorsqu’on réalise que la musique que l’on jouait pour s’abandonner n’est qu’un moyen vain. Autant se propulser rapidement d’idée en idée, tenter de ralentir, imperceptiblement, et finir par fondre ses rêves de punk rock dans le feedback qui succède toujours à l’apparition scénique de ce genre de groupe, de ceux qui suggèrent et frustrent autant qu’ils produisent d’instants mémorables. Le très consciencieusement nommé Commerce, Comment, Commence triomphe dans ce sens à la fin.
 

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