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lundi 11 novembre 2013

LOS CAMPESINOS - No Blues (2013)

 
 
OO
attachant, ludique, intense
indie rock


La musique, c’est beaucoup d’émotions et peu de mots. Ecrire dessus est comme danser sur son architecture. Mais Heureusement, Gareth lâche toujours au cours d’un album suffisamment de phrases pour construire un pendant solide à une chronique verbeuse.
Gareth, le chanteur et parolier de Los Campesinos a fait part de son « admiration » pour une chanson comme Sex on Fire, de King of Leon. « C'est super de pouvoir écrire des paroles aussi simplistes, qui peuvent être chantées après une seule écoute. Même si je n'ai aucune idée de ce que ça raconte. » La chanson des Kings of Leon, démonstration d'urgence émotionnelle et sexuelle pour stades, n'a pas d'intérêt. Celles de Los Campesinos, réputées pour leur richesse mélodique et verbale, y arrivent bien mieux. Le groupe de gallois n'a pas le genre de crise d'identité qui semble frapper la majorité des groupes Britanniques après deux albums. Ils ont tenu la ligne, guidés par un précepte : toujours rechercher la rédemption amoureuse et y aller avec le cœur, même s'il passent encore pour des étudiants qui ont décidé de faire carrière dans la musique. Gareth sait que le rock, c'est raconter des histoires, en filigrane, non sur une chanson, mais dans le cours du temps. 
 
La chanson est un rite de recommencement éternel, encapsuler le plus possible d’énergie vitale, faire souffler le chaud et le froid, se fondre dans le quotidien, montrer habilement combien il est absurde, voire futile, de le chanter, tout en étant forcé de reconnaître que c'est ce qu'on fait. Gareth y parvient à merveille. Il sait faire venir au souvenir les choses entreprises et jamais terminées. L’album est un rite architecturé, une construction qui nous permet de reprendre les choses abandonnées là où les avait laissées. Dans le cas des Campesinos, à peine cinq ans se sont écoulés entre leurs premières chansons, sur l'album 'jeune' Hold on Youngster' et celui ci. On a la sensation que les 'choses' ne sont jamais laissées de côté : entre Romance is Boring (2010) et celui-ci, c'est à peine si l'écume d'une vague a pu se retirer de la plage. Gareth n'a encore que 27 ans, et il décrit dans Let it Spill sa vie comme une boule de neige qui se transformera en avalanche.
On pourrait penser qu'une bonne chanson ne nous permet jamais de reprendre notre état d'esprit d'avant. Mais Gareth chante «toi et moi nous sommes de la tautologie », c'est à dire le 'caractère redondant d'une proposition dont la conclusion énonce une vérité déjà contenue dans le point de départ'.
Les chances d'évolution existent pourtant. Los Campesinos, c'est avant tout continuer à dispenser l'énergie et l'urgence, améliorer la relation entre la musique puissante, riche et astucieuse et les mots qui tiennent l'ensemble. Hello Sadness (2011), manquait un peu de cette énergie qui donne à leurs albums, aussi produits soient t-ils, une fraîcheur et une respiration qui nous encouragent à y revenir et à y déceler les jeux d'esprit, fougueux comme la vie, placés partout par Gareth. Il a ses règles : qu'il y ait toujours une « fille » pour réévaluer sa position, l'état de son désir, sa place au sein d'une génération dans laquelle c'est difficile d'être un artiste sans ne faire que chroniquer son impression de décalage. « Chérie j'ai envie d'apprendre/on m'a regardé comme une grappe de raisin pourrie quand vous autres buviez du sauternes. »
Boire, manger, se retrouver avec ses amis, les plaisirs du quotidien semblent toujours décrits dans les chansons de Los Campesinos pour faire ressortir une mélancolie, une envie de changement, ce que Gareth décrit en 2013 comme une lueur d'espoir permanente dans toutes les chansons du groupe, même si quand on les 'étudie' – c'est à cette fin que No Blues a été pensé, soigneusement – elles paraissent désespérées. Gareth et le groupe s’amusent avec la mélancolie frivole, donc subtile. Autre règle : à chaque chaque fois que la fille de la chanson fait un geste significatif, le chanteur en fait deux. C'est pourquoi l'album est aussi alerte.
Légèrement plus intense et, n'ayons pas peur des mots, plus épique que es autres – ce caractère étant donné par un choeur de cheerleaders, Avocado Baby (facilement l'une des meilleures chansons du groupe jusque ici) relance l'album, mais il s'en fallait de peu pour que toutes les chansons aient chacune à leur tour le rôle de Wake Up sur le premier album d'Arcade Fire ; celui de culminer, avec une sens de la grandeur et la finalité d'une déclaration d'intention. Celui de provoquer cette poussée émotionnelle particulière qui les démarque au sein d'un album.
 
 
What Death Leaves Behind le fait avec ses images de crémation et de barbecue, rejoignant l'adage scout 'il n'y a pas de fumée sans feu' ; Cemetery Gaits le fait en se proposant comme le parfait embrasement de concert ; Glue Me, plus calme, en faisant mijoter l'art du jeu de mots à un point encore jamais atteint par Gareth jusqu'ici. Elle rappelle que la raison d'être de No Blues c'est le langage et l'humour. Le final Selling Rope (Swan Dive to the Estuary) montre aussi qu'avec un peu moins de mots, mais des mots faits pour emporter chez soi, Los Campesinos prennent pour nous le sens qu'ils eut successivement pour Aleksandra, Ellen, Gareth, Harriet, Neil, Ollie et Tom dans leurs vies.


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