“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

lundi 15 septembre 2014

PYPY - Pagan Day (2014)




O
groovy, extravagant
garage rock, psych-rock


(chronique fiction d'après un idée pour bande dessinée)
Notre colocataire, Berben, écoutait Charlie Parker, et des chants espagnols de la guerre civile, la chose la plus exubérante qui soit. Il aimait les cuivres tonitruants. A côté de ça, le garage rock ne paraissait plus aussi dérangeant. Il disait qu'écouter du jazz l'aidait ensuite à comprendre toutes les autres musiques. Pourquoi PYPY, plutôt que les Thee Oh Sees ? Peut-être simplement à cause du label, Black Gladiator, avec ses deux sabres croisés, ou alors la pochette qui a vraiment plus de gueule que les tableaux que les étudiants artistes de Paris veulent bien afficher dans les devantures des magasins, encouragés par la politique fiévreuse  de la Société. PYPY parait bien innocent, maintenant que tous les instruments les plus farfelus ont été utilisés de nouveau. Et pourtant, il faut reconnaître qu'ils se sont introduits, en six mois, dans la famille des plus fiers du garage rock, la branche canadienne. Ils ont compris que l'étrangeté des sons ne doit pas céder au groove. On parle beaucoup de virus dans le reste du monde, il en deviendrait cynique de jouer une musique aussi infectieuse sans qu'un peu de pop, voire de féminisme, vienne gracier ceux qui n'ont pas été humiliés. On préférera les trompettes aux machettes, ou l'antique sabre recourbé das la version antique. Ils sont menés par Annie-Claude Deschênes, un prénom et sans doute un accent jusqu'alors étrangers à Berben, habitué à la franchise et à la vulnérabilité catalane. Ils ont une manière de déconstruire les codes, et en même temps de fabriquer une sorte de muséologie des années 60 à 2000, en ignorant les périodes de blanc et de passage à vide. L'album décolle et culmine dès New York, la guitare en rasoir et les intonations de gorgone de Deschène, comme si elle allait nous envoyer tous ses serpents. Le genre de musique qui pousse à se remettre dans le contexte où elle a été créée. Une joute physique un danse sur des cordes comme des rasoirs, comme chez Speedy Ortiz, Fucked Up (pour citer canadien) et d'autres bon groupes du moment. Daffodils ralentit les groove pour exhuder le côté improvisé et lancinant. Les voix sont soulignées d'un grondement caverneux évoquant le son d'un saxophone baryton, de quoi voir le jazz partout. Glorieux chapitre.

dimanche 14 septembre 2014

ROBYN HITCHCOCK - The Man Upstairs (2014)






OO
poignant, apaisé, 
folk 

Découvert comme guest sur un album de I Was a King. Il est dans une sphère où se trouve aussi Norman Blake (Teenage Fanclub). Peut-être est-ce son air d'effleurer les composantes de la poésie romantique, cette manière grave et légère à la fois, combiné à la justesse un peu nasillarde de sa voix, qui donne des chansons plus émouvantes à chaque écoute. Et la sagesse de reprendre la poésie de Jim Morrison (The Crystal Ship) pour se positionner à l'orée des rêves, aux portes d'un monde au charme si vrai qu'il en devient presque irréel. Before you slip into unconsciousness/I'd like to have another kiss/Another flashing chance at bliss/Another kiss, another kiss. Cette félicité capturée à la volée, c'est toute la vie selon Robyn Hitchcock. L'accent est mis sur les paroles, plus palpables que jamais, sans drogues, sans l'accent Californien. Comme Toujours est une autre superbe chanson, pleine d'esprit, en partie en français. On a parfois l'impression que l'album pourrait donner à voir les failles d'un artiste fasciné par la fragilité psychologique, mais que les arrêtes psychédéliques, la bizarrerie anglaise de Hitchcock ont été effacés par la production de Joe Boyd, connu pour avoir travaillé avec Nick Drake surtout. The ghost in you, la reprise des psychedelic Furs, avec des phrases telles que "angels fall like rain” et “stars come down in you" permet à Hitchcock de montrer avec une précision à fendre le coeur la manière dont il a choisi d'aborder la musique et de vivre à l'intérieur. S'il 'dort dans un trou' comme dans la reprise de It's Obvious' de Syd Barrett (ci-dessus), c'est un endroit paisible et émouvant. 

lundi 8 septembre 2014

JENNY HVAL & SUSANNA - Meshes of Voice (2014)







O
audacieux, pénétrant, soigné
avant pop, expérimental

(suite de la chronique de Laura Jean) « Notre Laura a aussi découvert Jenny Hval, une chanteuse et compositrice norvégienne à la voix incroyable. Laura essaie d'imaginer ce que ferait Polly Jean Harvey si elle sortait un disque aujourd'hui. Cela pourrait ressembler à cet album, sauf la pochette, aussi laide et obscure que les interprètes sont lumineuses, dans toute leur blondeur scandinave. J'ai emprunté l'album à Laura, qui en tire une étrange force ces derniers jours. Elle a compris que Berben ne s'en prendrait plus à elle avait des albums tels que celui-ci. C'est sans doute plus efficace, et plus agréable que si elle se mettait à s'habiller comme les romantiques ténébreux. En réalité, je ne l'imagine pas du tout ainsi, elle est trop spontanée. C'est la recherche d'un album castrateur à la Polly Harvey qui lui a fait trouver celui-ci. Un album à deux voix, avec piano et électronique, cela pourrait sentir le concept, mais on se retrouve avec une simplicité et une luminosité inspirées de Kate Bush. Les voix des deux chanteuses ne font qu'une, même dans leur singularité – celle de Hval est capable des note les plus hautes mais aussi de gronder – elles se complètent, viennent du même endroit, se succèdent et se rejoignent comme au fond d'un tunnel désert, où l'on entend 'air s'engouffrer. I Have a Darkness touche à cette évidente noirceur que l'on attendait logiquement, à laquelle l'album à la fois sombre et aérien, nous avait préparés sans nous inquiéter. Après ça, A Sudden Swing est l'un de ces moments de réconfort et de séduction qui jalonnent cette œuvre riche de quinze morceaux.
C'est une musique réfléchie, mais pas en retrait. Elle contient l'absence de compromis, le féminisme, une étrange forme de dignité, et une éclatante preuve de talent. La voix plus égale de Susanna, autre chanteuse norvégienne, apporte implicitement un équilibre à cet album : elle n'est pas effrayée de rejoindre Jenny Hval dans ces explorations plus à vif, comme si le piano triomphant de Wild Dog, son album de 2012, trouvait un moyen d'aller jusqu'au bout de son lyrisme lancinant, plus personnage qu'instrument. La dévotion de Susanna à la musique la plus organique et ouverte, voire mystérieuse, fait merveille ici. La meilleure collaboration de l'année ?  

LAURA JEAN - S./T. (2014)



O
intimiste, attachant
Folk, Folk-rock

« J'ai écrit sur les révolutions en Grèce, en Turquie, en Ukraine. Et j'avais l'impression d'avoir besoin de vacances. Je me demande si l'Europe de la Société m'intéresse toujours. Pourtant, à chaque fois que je veux partir pour New York, une inspiration, de plus en plus singulière, me retient ici. Je me retrouve à écrire sur les groupes de black metal européens. Enfin, j'avais commencé, mais je me suis arrêté. C'est l'enthousiasme de Laura qui m'en a empêché. J'ai cru que cette fois ci j'allais marcher à fond. Elle m'a fait croire qu'elle partait pour toujours, mais pas à New York. Elle m'a fait passer pour un petit joueur avec New York. Elle allait à Melbourne. Mais avant de partir, elle a découvert une autre Laura. Et le temps d'écouter ses disques, elle ne vouait plus partir. C'est souvent ainsi que ça se passe. Nous prétendons prendre le large, mais finalement, nous sommes bien contents de notre monde étriqué. Il suffit de me souvenir combien j'ai trouvé le petit jardin de ma sœur sur la route de Paris pour m'en contenter, et ne plus avoir tellement envie de partir. PJ Harvey manque déjà à Laura. Aux deux Lauras, peut être. L'autre, Jean, chanteuse introspective de Melbourne, qui partage son deuxième nom avec Polly Harvey, l'icone anglaise. Laura, la notre, est plutôt inclinée vers la mélancolie. Ce n'est pas étonnant vu la façon dont Berben la traite ici. Il insiste toujours pour qu'elle dorme avec moi, il aimerait libérer une chambre pour héberger une colocataire de plus. Elle voudrait bien, mais j'évite à chaque fois de répondre à ses avances. Quand elle écoute First Love Song, la chanson la plus tétanisante de cet album de frustration, je me sens envahi d'un vrai malaise. 

Laura Jean semble nous signifier qu'elle ne serait pas revenue à la chanson si ce voyage en Angleterre aux côtés de John Parish, le mec qui a tellement travaillé avec Polly Harvey, n'en avait pas décidé autrement. Notre Laura dit que cet album met la chanteuse à nu, faisant ressembler ses intonations à celles de Polly Harvey sur White Chalk, son album le plus aérien. Un geste artistique qui répond à une crise d'inspiration en privilégiant la fragilité et la mise en abîme. »

samedi 6 septembre 2014

LAURA JEAN - A Fool Who'll (2011)





OO
Folk, Alt-folk
Pénétrant, lyrique, sombre

Des paroles incroyablement désenchantées, mais beaucoup de lyrisme caractérisent Laura Jean. Son album en 2014 est produit par John Parish, sans presque rien d'autre que sa guitare et quelques chœurs. Mais ici, il y a des cuivres, des incursions chaleureuses au milieu de la grande dépression. La pochette rappelle bizarrement celle du deuxième album de Nick Drake, Bryter Layter (pour me souvenir du nom, j'ai levé les yeux sur ma collection de CD et l'ai repéré tout de suite). Bien sûr, Laura Jean est, ou sera comparée à Cat Power, voire à PJ Harvey, dont elle partage le deuxième prénom. La densité émotionnelle dont elle fait preuve sur les ballades électriques et fragiles de cet album est saisissante. A chaque écoute, on s'enfonce un plus, que ce soit par la grâce des arrangements ou par la magie de sa voix, sans doute pas le produit de cours assidus mais plutôt d'après-midis à exprimer de la frustration. Les trémolos sur Missing You, toute en retenue avant soudain de prendre de la hauteur, prêtent à une extase inquiète, tandis que Noel a quelque chose en commun avec une chanson de Let England Shake, dans le traitement de ses voix, et l'impression de courir en cherchant les vivants sur un champ de bataille. On pense, parfois, sur quelques arpèges divins, à l'étrangeté de l'acid folk anglais dans années 1970, qui fascine sans aucun doute Laura Jean. Ecouter Valenteen nous retourner là où les saisons changent, dans un pays lointain aux propriétés magiques, ou tous les objets inanimé nous rappellent l'être aimé, se mettent à chanter. Le melodica et les envolées falsetto complètent les penchants originaux d'une chanteuse très inspirée.   

KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD - Oddments (2014)







OO
Garage rock, psyché, lo-fi
attachant, original, vintage

Mettons qu'on invente de toutes pièces un passionné de musique, installé à Paris, qui déciderait de partir mystérieusement pour l'Austraslie, Melbourne. Mettons que ce soit une fille (oui, ça évite qu'on me soupçonne de vouloir partir). Enfin, le groupe qu'elle (ou il) devrait rencontrer d'urgence, voir sur scène live, c'est celui-ci. Pour reprendre les gens de là bas : "These dudes are one of a kind, or seven of a kind, I don't know how many of them there are but regardless, fucking sweet." Oui, ils sont sept. Et 'doux' n'est pas vraiment l'adjectif qui leur irait le mieux. Il sont piquants. Du psychédélisme cru, strident, qui déborde, mais se paie le luxe de ressembler à Pavement, le temps de Stressin'. Pour le reste, on pense du vent de liberté garage des Thee Oh Sees, dont King Gizzard partage la créativité prolifique. De sorciers, ceux-là n'ont pas que le bâton de pluie (il est bien là, sur Homeless Man in Adidas, avec un incursion aussi des oiseaux locaux), mais tout l'attirail mélodique très particulier. Ils utilisent l'électricité comme Captain Beefheart, pour le plaisir de la télékinésie, pour mentir aux sens, produire des formes et des couleurs forcément hallucinées. Work This Time est un morceau incroyable. Ah oui, j'oubliais : le son est volontairement pourri. Heureusement que le son mp3 ne ressemble pas toujours à ça. 

YOB - Clearing the Path to Ascend (2014)






OO
sludge metal/doom metal
sombre/hypnotique/intense

Avec un casque, cet album de quatre morceaux gigantesques vous envahit de noirceur d'une mélancolie étrangement confortable. In Our Blood est impressionnante dans sa construction et ses riffs hypnotiques, faits pour que l'auditeur soit gagné d'indolence. Nothing to Win est ce que j'ai entendu qui se rapproche le plus du qualificatif de 'sans appel'. Ou 'sans respiration'. 11 minutes incroyablement denses et assommantes, mais on en redemande. Du moins si on a décide que l'heure était venue d'écouter des choses un peu plus extrêmes que la moyenne, comme ce superbe disque de "sludge metal" un genre 'popularisé' par quelques groupes échappés de l'explosion death/grindcore des années 1990 et qui jouaient la musique extrême la plus lente, d'où sludge, 'limace'. Sleep ('sommeil') est souvent désigné comme l'un des chefs de file de ce mouvement, et Yob est signé désormais sur le label de Neurosis, un autre groupe culte qui a effleuré, si on peut dire, ce genre musical à son tour.
A la fin, les 18 minutes de Marrow dégagent une telle tristesse qu'elle pourrait bien finir par vous gagner, vous qui avec pourtant pas l'habitude de vous laisser influencer par l'humeur de la musique que vous écoutez. Les accords répétés laissent penser que la simplicité cohabite avec l'intelligence, tandis que les deux voix, très différentes et fascinantes toutes les deux, se partagent le 'travail' vocal conséquent de cet album aussi très bien produit. Clearing the Path to Ascend est ce qui se produit quand un groupe de métal atteint le nirvana musical, se rend compte qu'il y est peut-être déjà venu (ils ont déjà une carrière impressionnante) et en fait une grosse dépression. 
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