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James Vincent MCMORROW

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lundi 16 novembre 2015

A propos de Heavy metal


Les plates formes anglo-saxonnes comme Bandcamp ou Rate Your Music, n'ont pas changé une chose fondamentale : notre possibilité de réfléchir quant à la musique que nous écoutons, et pourquoi nous l'écoutons. Il n'est pas nécessaire d'avoir une pochette de vynile entre les mains, ou un boîtier cristal, pour s'absorber dans la contemplation de ce qu'un artiste accomplit.

Même si ne faisons qu'écouter la musique, nous ne sommes pas innocents. Quel que soit le support qui nous est livré, il existe un contrat qui nous relie à l'artiste que nous écoutons. Ce qui résulte plus banalement en des satisfactions ou des déceptions, seul l'artiste vaniteux pouvant prétendre créer la surprise, tous les autres relayant seulement une attente de satisfaction. Le mieux que l'on puisse obtenir, c'est d'être excité, électrisé, exalté à la découverte d'un disque. Il faudrait demander leur avis à quelques vrais fans de musique, devenus quasiment des ambassadeurs. Ce sera fait ensuite.

La contemplation, sans aucune connotation religieuse, c'est apprécier sagement les accidents qui conduisent une vie et l'existence d'une œuvre d'art telle qu'un album de musique. Pour faire simple, chaque action, depuis le début du monde, a une conséquence naturelle inévitable qui fait partie de la chaîne des événements naturels. En explosant, le Big Bang a ordonné une première circonstance, et n'en a jamais ordonné d'autre depuis ce jour. Il ne valait mieux pas attendre que les changements suivants se produisent par eux mêmes. Depuis l'explosion originelle de matière, il a bien fallu continuer d'explorer la nature humaine. C'est ce que doivent faire les artistes.


Cette nature exploratoire sacrée se retrouve dans toutes les cultures, des Indiens aux Inuit, et dans tous les arts, et elle est étouffée par la télévision comme par la religion. C'est ce que racontent certains de ces musiciens. « The Revolution Will Not Be Televised » nous a dit toute la musique, à travers Gil Scott Héron, au XXème siècle. Certains artistes, fatigués d'être dépossédés de leurs talents à profiter et à provoquer des accidents au profit de « Dieu », ont pris particulièrement à cœur les menaces pesant sur la création. Cela a donné certaines des plages de hard rock et de heavy metal les plus ardemment contestataires, pendant les années 1990. Néanmoins, un art plein d'humilité comme le heavy metal consiste modestement à reconnaître être un simple homme, à ne pas avoir les fonds nécessaires pour la religion ou la « spiritualité » religieuse.  

Que l'on prenne la bible, ou que l'on soit conscient de l'évolution naturelle et non écrite du monde, les résultats en sont très différents. La première action d'Adam entraîne la mégalomanie des hommes qui cherchent, en aval du temps, à accomplir des choses grandioses pour revenir dans le giron du créateur. Prenez le personnage d'un film de Werner Herzog, Aguirre. Il faut observer comment un conquistador superstitieux est rendu fou en s'octroyant par une volonté quasi divine un pouvoir finissant par lui échapper. C'est un personnage attachant, en dépit du fait qu'il refuse l'ordre naturel, c'est à dire que les accidents ne lui dictent son destin. On contemple à travers lui des millénaires de cultures dans lesquelles la beauté et la liberté sont nées d'accidents répétés. En descendant le fleuve du temps, les choses arrivent toujours par accident.

Il ne s'agit pas pourtant de se débarrasser de la superstition, mais de la contempler. C'est ce que fait le heavy metal et les plus musiques les plus sombres comme le doom metal en particulier. Ce sont des musiques où l'humilité, la contemplation ou la poésie sont fréquentes. Les ténèbres y sont simplement observées à distance, avec une révérence et un esthétisme semblable à celui utilisé par Herzog lorsqu'il filme au Koweit les puits de pétrole en feu dans son documentaire Leçon de ténèbres (1992). Les images résultant de cette leçon ressemblent étrangement à la pochette d'un album de doom metal de Shrinebuilder. Un monde désolé et en flammes.

« Celui que les dieux veulent détruire sera d'abord rendu fou », faisait dire Friedrich Shiller à son personnage dans la pièce La Pucelle d'Orleans. Le croyant en l'existence d'un Dieu unique sera rendu d'autant plus fou qu'il sera vaniteux, comme Aguirre, comme les personnages souvent observés à distance, dans des albums plus humanistes qu'il n'y paraît. Les multiples dieux, c'était une façon de donner forme à notre art, notre poésie. « Contre la bêtise, même les dieux se battent en vain. » C'est la bêtise de croire uniquement en un dieu unique, et pour cette raison de ne jamais comprendre ce qu'expriment les artistes, et comment ils progressent dans leur vie. C'est la folie de ne pas comprendre comment progresser dans sa propre vie sans s'en remettre à la religion. C'est folie de chercher à terroriser l'homme pour empêcher son évolution naturelle, d'accident en accident, vers une meilleure sensibilité et contemplation de sa nature.

Selon les termes de Mark Twain, il s'agit sans cesse de casser le jouet et de détruire le trône, et selon sa superstition, casser le jouet est un événement aussi important que la destruction du trône car, sans jouet cassé, la destruction du trône ne pourrait avoir lieu. La superstition est profondément ancrée en l'homme, comme sa nature contemplative. Une dernière fois, ceux qui observent la superstition ne devraient pas être pris eux-mêmes pour des fous. Comme ceux qui caricaturent ne devraient pas être confondus avec ceux qu'il caricaturent. Il n'y a pas moins fous que ces artistes qui restent dans les choses concrètes, dans la terre. Ce n'est pas seulement réservé au heavy metal - même si c'est le genre qui sera abordé ensuite, à travers la passion qu'on peut avoir à le contempler à notre tour, à se l'approprier, à en créer notre propre histoire.   

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