“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

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Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

mardi 3 mai 2016

THE MURLOCS - Young Blindness (2016)











OO
hypnotique, vintage, lucide
Garage rock, pop, blues rock



Ambrose Smith a répondu en quelques phrases à l'interview de Trip Tips. Qu'a cela ne tienne, on racontera toute son histoire sous la forme d'un article...

Ce n'est pas une musique macho. Pas la peine de le marteler, il suffit d'apprendre comment ils s'en prennent, gentiment, à ce qu'est devenue la côte autour d'Ocean Grove, en Australie, le coin des surfeurs machos. Il faut voir aussi le look plutôt féminin d'Ambrose Kenny-Smith. Il se moque de laisser penser qu'il est une femme, son visage encore poupin dissimulé derrière une imposante chevelure à la Bowie période Hunky Dory. Et il a passé une partie de sa jeunesse entouré de sa grand mère, de sa mère et de sa sœur dans la banlieue d'Ivanhoé, avant de quitter le coin pour Melbourne. Le fils de Broderick Smith, le compositeur/parolier de groupe country rock local les Dingoes, comparable à ce qui se fait de plus sudiste et de sensible au États Unis, s'est fait très tôt un « lavage de cerveau » à base de blues. Cette touche d'élégance romantique, en totale opposition avec ce que l'image de la musique blues ou garage, est presque impalpable chez The Murlocs, mais elle distingue pourtant ce groupe. Son père lui-même était harmoniciste (voir leur hit Way Out West), et Ambrose Smith suit cette voie, avant tout parce qu'il est sensible au son de cet instrument. Comme beaucoup dans son cas, il apprendra en autodidacte à soutenir une note ou à la moduler. Cet harmonica, aussi, relie le groupe à un héritage de blues qui remonte aux années 60.

Le groupe naît des improvisations entre le guitariste Callum Shortal et Smith. « Nous sommes tous amis à l'origine, ce qui rend tout plus facile. » Lors de la courte interview menée par Trip Tips pour soutenir la sortie de leur deuxième album, Young Blindness, Smith évoque la « sorcellerie » du guitariste. «Je pense que le changement vers un son plus pop sur cet album est du à une plus étroite collaboration avec notre producteur, Stu Mackenzie. »

Sous la casquette du producteur, se cache un autre de ses jeunes prodiges pourvus de membres filiformes, propres à s'épuiser en idées bondissantes. Mackenzie est la force créative principale de King Gizzard and the Lizard Wizard, le premier combo dans l'entourage d'Ambrose Smith à avoir franchi les océans pour jouer en Europe. Ils sont généralement comparés, jusqu'en France, aux Thee Oh Sees, la formation emblématique du renouveau de la scène garage américaine, pour leur carrière prolifique et bourrée d'idées conduites par un pur amour de la musique. King Gizzard est une dynamo qui aligne les chansons nerveuses à base de hard-rock, de blues, de garage, de surf rock, plongées dans le bain acide du psychédélisme. Confier les bandes des Murlocs à Mackenzie, c'est se dire qu'elles vous reviendront comme piétinées, froissées, sublimées d'un son abrasif. «Stu est un génie, produisant constamment une très bonne musique, et cela me pousse à être meilleur musicien... S'ils n'avaient pas été là, je serais une personne bien plus médiocre. » Il a bien réussi son coup en se glissant furtivement dans un mètre carré d'une scène de King Gizzard, derrière son clavier, et produisant ses sons d'harmonica et de synthé en toute tranquillité. « Il y a toujours une place pour n'importe quel genre de groupe. Plus de place pour certains que pour d'autres je suppose. Mais ceux avec peu d'espace pour se mouvoir font du mieux qu'ils peuvent avec le peu qu'ils ont. »

La voix stridente, elle, semble directement piquée à Mackenzie, qui en a fait l'un des motifs principaux de King Gizzard, progressivement, au fil des albums. On sent que déjà il n'est plus question seulement de musique, mais d'une émulation spirituelle qui a mené les Murlocs à faire un bond en avant avec son second album. Young Blindness est entre autre une forme de critique de l'état d'adolescence comme période de décrépitude plutôt que de vitalité (les membres du groupe sont tous dans leur vingt ans), et ne contient que de possibles hits pour la radio, au moins dans sa première partie. « My Only nemesis/Is incompetence », chante Smith comme pour conjurer cette jeunesse qui joue le rôle de voile et empêche encore certaines personnes de prendre un tel groupe au sérieux, même dans un pays aussi culturellement évolué que l'australie – c'est à dire, qui donne une place généreuse au rock. « Le potentiel pour la musique garage est vraiment bon, à la fois sur les radios nationales et locales, ici en Australie. »

« J'ai joué dans des groupes depuis 10 ans et c'est toujours une joie de rendre le gens heureux. Je pense que c'est l'objectif. Rendre les autres plus heureux pour vous éviter la déprime. » Le rigueur d'exécution d'une chanson comme Wolf Creep, avec ses roulements de tomes, ses attaques de guitares parfaites et surtout son riff effréné, donne à la morosité juvénile de Smith une exaltation. Une exaltation qui ne sera balayée qu'en partie par la révélation du thème de la chanson : « Wolf Creep est basée sur l'idée générale de tueurs en série et comment ils s'en prennent à des femmes pauvres et innocentes. Evolve et Absorb évoque quant à elle certaines personnes dans l'industrie de la musique qui détestent plus qu'elles ne créent. » Evolve and Absorb, c'était l'une des chansons les plus profondes du premier album, Loopholes, qui lui surfait déjà sur l'énergie d'un EP remarqué.

Mais Ambrose n'est satisfait que de Young Blindness, à cause du soin apporté à l'enregistrement des titres. C'est un album de faux semblants, où tout change sous le coup d'un harmonica qui semble plus là par hasard, cette fois, que pour guider réellement les morceaux. Ambrose sait qu'à un morceau entêtant doit succéder un autre, afin que l'album puisse se réécouter presque indéfiniment. Compensation démontre encore le pouvoir d'envoûtement de cette musique lorsque batterie et guitare sonnent aussi caverneuses et triomphantes, tandis qu'Ambrose martèle un piano étouffé. L'instrument reviendra sur la dernière chanson, Reassurance, une superbe conclusion, prouvant que le talent d'Ambrose Smith pour écrire des paroles capables d'observer sa propre condition dérisoire ne signifient par que les Murlocs (et ce, malgré le nom) soient faits pour susciter la dérision. Think Out Loud balance un son toujours plus clair et détaillé, en dépit des grésillements. La chanson reflète un état d'esprit lucide et dévoué. C'est un groupe sérieux, et si les considérations d'incompétence sont fondées, c'est en s'adressant à une génération qui veut grandir trop vite. Leur désenchantement précoce donnerait à un enfant la moitié de leur âge l'impression d'avoir trop traîné en route. Le rock, machine à grandir ?

Mettez les deux groupes (respectivement 7 et 5 musiciens) côte à côte et vous aurez l'impression d'avoir une armée, tant cette musique fait bloc. Tellement dense qu'elle nous donne l'impression que quoi que vous fassiez, manger des noix par exemple, ou réfléchir à la nature de votre état cérébral (les deux vont souvent de pair), il faut que vous le fassiez compulsivement. Insolente, presque intimidante d'efficacité, si elle n'est pas - encore – tout à fait originale, harassée de soleil et hagarde de sa jeunesse, avec ces changements de dimension et d'échelle intempestifs qui caractérisent le pays des merveilles qu'est l’Australie. Ils ont l'insolence de croire que la musique est un art à part entière - ce qu'ici

on a tendance à ne pas tout à fait reconnaître. Difficile, pour un européen, de s'adapter à l'exubérance locale – tandis que King Gizzard partaient en tournée en Europe en février 2016, ils laissaient derrière eux un été avec des températures à 34 degrés. La chaleur et l'étrangeté originelle de cette île permettent de laisser les natifs dans une précarité criminelle, tandis que la loi de Darwin conduit à la folie ou à une sorte de mégalomanie mystique agresseurs et dans les coins isolés.

Stu Mackenzie décrivait le dernier album de King Gizzard, Nonagon Infinity, qui leur a demandé un plus gros travail que tous les autres, comme fait d’éléments modulables, où les morceaux se référencent entre eux et forment une boucle sans fin. S'il s'agit de créer un flux, un continuum, on peu l'appliquer à la scène de la ville de Geelong dans son ensemble, et mettre bout à bout les albums des Murlocs avec ceux des Living Eyes ou des Frowning Clouds, deux groupes qui plongent brillamment dans le grand bain du garage pop des années 60. Ensemble, ils s'inscrivent au firmament de l'envers du monde...


à suivre..

https://themurlocs.bandcamp.com/

http://antifaderecords.bandcamp.com/album/living-large

http://saturnorecords.bandcamp.com/album/legalize-everything



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