“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

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Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

dimanche 20 novembre 2016

EFTERKLANG & KARSTEN TUNDAL - Leaves - The Color of Falling (2016)







OO
inquiétant, soigné, lyrique
Opera, rock alternatif, expérimental


Considérant la musique left field qui passe 24/24 à la radio mise en ligne par d'Efterklang, on peu se réjouir que la leur soit aussi écoutable. C'est le cinquième album d'un groupe qui a annoncé son hiatus après Piramida (2012). Mais il occupe une place à part. Leur rapprochement avec l’orchestre national du Danemark n'est pas nouveau, mais les voilà qui combinent des éléments de leurs propre musique – les trames, les instruments à maillets, les mélodies lancinantes, la mélancolie qui renvoie à des chansons marquantes comme Sedna ou Monument sur Piramida – avec les cordes vocales de chanteurs d'opéra. Qui participent à la création d'un opéra, en fait.

Force est de constater que la voix humaine, qu'elle se mue en sons surgis de votre propre environnement – essayez d'écouter cet album dans la rue -, se perde dans des profondeurs en rapport avec la poésie biblique de ce qu'elle chante, ou stoppe brutalement, laissant la nette impression d'un silence pesant. C'est un souffle palpable, très physique, pour lequel, sur cet album, on écrit en priorité, avant de composer et d'arranger pour d'autres instruments. Peu importe qu'il s'agisse de la voix du chanteur d'Efterklang, Casper Clausen, ou de celles de chanteurs et de chanteuses énigmatiques à nos oreilles. Ils prolongent, d'une certaine façon, le travail de détachement engagé par Clausen, avec sa voix trop rare. Puis il y a la théâtralité. Imaginez simplement Stillborn chantée par Scott Walker. La chanteuse un peu dérangeante des premières chansons est devenue une source de fascination. Un peu comme la première fois que vous écoutez Peer Gynt, et que vous vous demandez à quoi bon avoir fait chanter sur une musique déjà parfaite. Lorsque vous comprenez, votre oreille musicale a franchi un pas.

Les pièces montées en vidéo pour le site internet et les réseaux sociaux nous font penser à la folie telle qu'elle a été représentée au cinéma, orientée sur une froideur clinique, où la folie, s'illustre dans les particularités des sujets filmés, comme si on avait tenté d'en capter les derniers résidus d'âme intacte. En fait, cet album lugubre me rappelle une historie imaginée il y a quelques années, das laquelle deux parents élèvent leur fille dans une forêt. Le père se fait assassiner, et la mère est obligée de fuir avec sa fille. Elle va croiser un femme isolée, elle aussi, qui la menacera d'une hache sans raison apparente, etc... Un conte où l'ennemi n'est pas celui qu'on imagine. Et une trame qui suit leur fuite, ou la progression narrative devait se ressentir comme dans un conte, ou dans un rêve. On ressent la progression de Leaves plus qu'on ne la perçoit : et j'ignore si voir l'opéra en vrai apportera quelque chose de mieux – de différent, c'est sûr – à cette oeuvre déjà très sensorielle. Ce n'est quand même pas Siegfried, même si Wagner n'est parfois pas loin.

La fin de l'album, et des pièces telles que Abyss et No Longer Me, marque les esprits au-delà de ce qu'un album conventionnellement chroniqué sur ce genre de blog est capable. A une voix gutturale, au fracas de chaînes et de fers, répondent les imprécations de choristes spectrales, décrivant des choses qu'aucun œil humain n'a vu, mais que son esprit est parvenu, miraculeusement, à imaginer.Le miracle, c'est cela, pas les choses saintes et les guérisons inespérées ; la blessure qui est inventée, la chute provoquée, et la résolution douloureuse qui y est apporter, et qui nous inquiétant, nous inspire un changement. Éteindre les couleurs pour en créer de nouvelles, diaphanes ; des ocres, des marrons, des verts de gris inimaginables.

samedi 19 novembre 2016

CHRISTIAN KJALLVANDER - A Village : Natural Light (2016)






O
pénétrant, apaisé, contemplatif
Folk somptueux

Il est parfois plaisant d'entendre un album à travers ses influences, et de se rendre compte que cela n'enlève rien au plaisir d'écoute. On peut même se dire qu'"affecté" n'est pas un terme péjoratif. Les mots doivent être employés avec précaution lorsque l'influence en question est Bill Callahan. C'est particulièrement vrai sur Rider in the Rain. C'est avant que la voix de crooner de Kjellvander se pose sur des notes qui évoquent plutôt la bande originale de Twin Peaks par Angelo Bandalenti. C'est le genre de chanson à la surface de laquelle il serait dommage de rester. C'est tellement mieux d'aller racler la boue, là où on devine une alliance perdue par un couple de baigneurs. « I picked up a hand full of earth like a fist full of god's own cash ». La finesse du jeu de Callahan, encore mieux, de son phrasé, nous frappe encore en écoutant l'album de ce suédois encore peu connu, mais dont la musique est étonnamment profonde et orageuse. Dans le registre des influences américaines, il serait plutôt Townes Van Zandt quand son compatriote The Tallest Man on Earth est Bob Dylan. En outre, A Village : Natural Light est différent de ses autres disques, plus personnel et ombrageux. 

La profondeur de la musique est en partie dû au vécu qu'elle véhicule, l'homme ayant travaillé, il me semble, comme fossoyeur. Quand il chante "I will follow you into the Grave/I will follow you into the groove » et « I will dig i will dig i will dig until the world is split in two/It is laborious work and so sad/but what else can one do ? », c'est toute une vocation qu'il laisse paraître à demi mot. Les tombes et les trous, cela correspond bien à une personnalité qu'on imagine pragmatique. Kjallvander est à la recherche d'une vision, d'une femme, d'un sentiment. Cette recherche est empreinte de la sérénité d'un homme contemplant la tempête couver, attendant qu'elle se déchaîne enfin. C'est l'effet de style plein de sang froid qu'évoque Dark ain't that dark, éblouissante de beauté suggérée. Mais le sentiment est comme détaché de l’émotion ; là ou elle véhiculerait des clichés, Christian Kjellvander s'en tient à un registre épuré et toute en retenue. La guitare, parfois inventive, reste très sobre la plupart du temps. Il y a aussi différents pianos, du vibraphone, pour créer une ambiance sourde (Misanthrope River), de la clarinette et du saxophone très dosés.

lundi 14 novembre 2016

BRIAN S. CASSIDY - Alpine Seas (2016)






OO
pénétrant, contemplatif, soigné
Indie rock

Encore une personne contribuant, sans rien demander à personne, à rendre le monde meilleur. Alpine Seas est un album profond et vaste comme un panorama, chaque chanson agrandissant par un bord ou l'autre la fresque heureuse d'une intimité particulière. On pense à Owen Pallett quand on lit la mention que l'album a été produit, enregistré, mixé et masterisé par le même Brian S. Cassidy, qui décide ainsi de produire sa propre symphonie, proportions gardées, à toutes les échelles respectueuses du genre humain - celles qui séparent la grandeur des territoires de l’émotion trop à l'étroit et incontinente produite par les glandes humaines.

Cette émotion marque chaque chanson de cet enregistrement rare, soulignée dans sa franchise par une belle production. C'est la mandoline sur (The South), la pedal steel (Uncompahgre), les atmosphères ouvrant Clare's Bridge ou les cuivres sur Make Believin'. Il y a aussi cette fraîcheur sur Rich Man, un moment de pure sensation auquel on a envie de revenir, comme pour comprendre mieux ce que révèle tant de simplicité. On se souvient de Bon Iver sur For Emma, Forever Ago, entre autres sources de frissons incapables de se tarir. La lassitude ne vient pas ; au contraire, c'est une jouvence, au fil des écoutes.

Cette émotion, Cassidy la traite comme en musique classique, avec un sentiment que l'ensemble est supérieur à la somme des parties. Ce qui inspire Cassidy, c'est le sentiment de plénitude et d'incertitude, face à un ensemble de ciel, de terre, tandis qu'il se demande ce qu'il peut en faire. C'est l'album d'un homme à qui la possibilité d'appeler la paix était offerte, puisqu'il est un auteur compositeur, un artiste. Il a réussi à rassembler les impressions sans frontières, à suggérer la félicité, pour l'explorateur, qu'il y a à reproduire en un seul endroit intérieur la somme des impressions successives de son voyage.

Il peut s'appuyer sur son expérience avec Okkervil River et Shearwater, dont il retrouve le côté plus poignant de The Golden Archipelago – et des chansons comme Castaways. Une voix dégageant un sentiment intrépide, une ouverture à tous les liens et cultures. La hiérarchie à l'oeuvre est celle des choses nobles qui élèvent ceux vivant sans exclure de possibilités, de rencontres, de liens. Il jouit, aussi, de son indépendance. Il privilégie la clarté dès l'origine de l'album, qui s'ouvre avec quelles notes de piano électrique et une mélodie épurée, annonçant à peine les subtilités à venir.

Être terrien, avec le pied sûr dans le nuage et l'océan, qui n'en a pas rêvé ? Cela semble simple, avec un tel disque, d'ouvrir les horizons.




https://microcultures.bandcamp.com/album/alpine-seas

dimanche 6 novembre 2016

HOPE SANDOVAL & THE WARM INVENTIONS - Until The Hunter (2016)




OO
romantique, onirique
Country soul, atmosphérique, dream pop

Hope Sandoval, 50 ans, nous procure encore une expérience sensorielle unique et nécessaire avec Until the Hunter, qui parle de ce que le temps nous prend, de ce qu'il offre en échange, dans une approche contemplative et une candeur plutôt tragique. C'est une œuvre où la présence sauvage est palpable, l'ensemble des affections de Sandoval sonnant encore positivement comme au sein d'une nature capable de nous subjuguer. D'ailleurs, je conseille d'écouter ce disque en déambulant dans la campagne, ou en bord de mer...

Le côté mutique, liturgique, et homogène de Bavarian Fruit Bread (2001) s'est atténué, le rythme lancinant auquel vont les chansons n'a pas changé. Sandoval a la bonne idée de se faire seconder par Marie Sioux sur plusieurs d'entre elles.

Until the Hunter s'installe avec une chanson vraiment différente de ce à quoi nous sommes habitués, Into the Trees, qui démarre comme Shine on You Crazy Diamond de Pink Floyd et se révèle une plongée atmosphérique de 9 minutes dans un puits de tendresse un peu effrayant, nous emportant vers un inconnu enivrant. C'est une pièce progressive, cousine de Lose Me On the Way, à la fin de Bavarian Fruit Bread. La même batterie étouffée, jouée avec des maillets.

Par la suite, les influences country ou blues ou folk sont d'une subtilité renversante, les échos utilisés à bon escient. Sandoval a t-elle chanté une chanson country soul plus renversante que The Peasant par le passé ? A Wonderful Seed est le réceptacle d'un lyrisme singulier. L'album est méticuleusement construit, fascinant dans ses méandres qui conduisent à un dénouement exalté. On recherche des traces de l'affirmation de Sandoval comme une femme aux histoires vécues, plutôt qu'aux illusion perdues. Mais c'est sans compter sur une personnalité qui s'est toujours distinguée par un regard mélancolique et une attitude fuyante.

Même les chansons dépouillées gardent leurs effets de style leurs délicieuses distinctions avec le glokenspiel comme fil conducteur. I Took A Slip est sans doute la plus fascinante et représentative d'un album qui déploie à bon escient une énergie qui nous interdit de les qualifier d'endive molle. Elle utilise cette force d'évocation pour suggérer de nous guider dans des temps, dans des lieux de rêves, c'est à dire plus accessibles et familiers que nous ne l'aurions pensé, d'abord, pour nous en détacher. Le spectre de lumière froide que Sandoval projette sur ses chansons leur donne pourtant une fraîcheur inattendue.

The Salt of the Sea et Liquid Lady opèrent dans un genre de pop seventies plus ouvertement séductrice qui les rapproche de Widowspeak, un groupe largement inspiré par eux.

On a toujours préféré les chansons des Warm Inventions avec un groove, l'entendant jouer une sorte de soul lancinante. C'était le cas dès Around my Smile, sur Bavarian Fruit Bread. L'artiste s'y révèle dans une assise spectaculaire, intemporelle, crée un monde dans lequel on veut dès lors rester. Il est encore question de groove sur Until the Hunter. «C'était un honneur total de chanter sur ce beau groove de soul hypnotique avec des pointures comme Hope, Colm 'O Ciosog, batteur) et les autres musiciens impeccables. Répondre à l'appel de Hope dans la chanson, qui réclame de la 'laisser y parvenir' donnait un sentiment de vérité qui me donnait des frissons tandis que je chantais, même si je savais qu'ils y sont déjà arrivés, là, bien avant que je n'y mette les pieds » raconte Kurt Vile de l'enregistrement de la chanson qui a en premier exposé l'album au public, Let Me Get There.

Les contemplation prend ici la forme d'un duo qui paraît bien ses sept minutes 30 secondes, mais réserve des raisons de sourire. Kurt Vile sait se rendre amusant, par exemple en répondant d'un petit 'oh !' de plaisir quand Sandoval remarque : Everybody here knows you're the fine one ou en prenant ostensiblement cette chanson traînante pour ce qu'elle est, en chantonnant la mélodie d'un ton goguenard et bluffeur avant la fin du morceau. Il y a tant de petites joies en prendre en compte dans cet album (le violoncelle sur The Hiking Song...), dont la tristesse est atténuée par une distance mystique, quasi médiévale par moments.

jeudi 3 novembre 2016

KING GIZZARD & THE WIZARD LIZARD - Nonagon Infinity (2016)




OO
intense, ludique, extravagant
garage rock, psych rock



Que dire de plus sur cet album ? Tant a déjà été dit sur Nonagon Infinity, sur cette séquence de chansons perpétuant sa narration à l'infini, évoquant un piège dans lequel un personnage serait condamné à revivre inlassablement les mêmes aventures, ce qui pourrait arriver chez l'auteur de dark fantasy Michael Moorcock.



Psychendémique. Voilà on en est réduit à inventer des mots pour continuer d'en parler. C'est ce qui prend le plus original aventureux de la musique psychédélique des années 60-70, pour en faire des chansons effrénées, et les baptiser humblement rock garage alors qu'elles marquent la découverte d'une espèce unique de rock australien. On pourrait croire qu'il n'y a rien d'endémique dans le rock, surtout australien, qui vient souvent d'une autre île, la Grande-Bretagne. Encore faut t-il voir King Gizzard en concert, les yeux rougis par le décalage horaire, leurs peaux de bête pour braver les froids du mois de mars français. Si ce ne sont pas des lapins avec la myxomatose, alors ne ont t-ils pas d'une nouvelle espèce ? Pour oublier l’Angleterre, on aimerait croire que King Geezer ont fait, sans les écouter dans la veine de Bullet, Possessed, The Human Beast, ou encore Jerusalem, qui sont des groupes anglais de proto-metal et de freak-rock*. « La musique est un champ d'exploration pour moi, avance Stu Mackenzie dans des propos recueillis admirativement par le journal britannique The Guardian. Le chanteur et guitariste du septet a été frappé notamment par la musique orientale des années 70, comme Erin Koray et le Flower Travellin' band. Le Flower Travellin' Band, for god sake !

Nonagon Infinity n'a que peu de précédents dans le XXI ème siècle, de mémoire d'estomac (retourné). Mais avant de se demander comment en parler, on peut se demander comment écouter autre chose, d'abord ? Ce disque exerce un pouvoir d'attraction évident sur quiconque aime les cadences frénétiques avec deux batteurs dedans, et les ambiances bipolaires donnant des sensations impies, trop rarement exhumées si on se cantonne à la musique de l'année. On pourrait dire, parce que presque personne ne se soucie plus de jouer avec la relativité de la matière qu'est le rock comme dans les années 70. Rares sont ceux qui tentent aussi bien de comprimer cette matière si facilement répandue. On s'en sert généralement pour exprimer des émotions avec une emphase plus ou moins grande. C'est une nouvelle tentative pour eux, après entres autres le moins réussi I'm in Your Mind (2014), qui ne parvenait pas à garder sur toute la durée de l'album la cohérence et l'intensité, ni à présenter un concept vraiment excitant.

Le mieux est encore de commencer par ne pas parler de King Gizzard. Sortir de ce cercle infernal qui nous ramène toujours sous les roues du tank en papier mâché de Stu Mackenzie et le groupe australien de la décennie. Mais... Huit albums depuis 2010, et vous voudriez les laisser décanter ? Ce n'est pas prévu.

Beaucoup de thèmes de la science fiction ont sombré dans la banalité ; il est difficile de rendre intéressante une simple histoire de paradoxe temporel. Mais quand il s'agit de rock, ces thèmes sont abordés avant tout pour créer un arc narratif et un potentiel visuel et psychédélique implanté dans la structure même des chansons. De King Gizzard au rock plus ancien de leurs influences, progressif, il a une obsession à s'imposer un cadre et à construire dans ces limites. « Le langage, pour moi, c'est de la musique ». « Et il y a un certain rythme et une mélodie dans la façon qu'on les gens de parler. La musique et les paroles ont une seule et même source de rythme. J'ignore d'où si les paroles de nos chansons ont un sens mais, pour moi, elles viennent du même coin du cerveau que la musique. ». Les relations entre communication et musique, voilà des choses que la science fiction a exploré ou du moins le ferait avec bonheur si on lui donnait un peu d'encre et du papier. L'inconvénient de la science fiction, c'est qu'elle ne devient pas de plus en plus intéressante tandis que les découvertes scientifiques s'accumulent. C'est comme de faire de la musique ou d'utiliser les mots, ou de leur découvrir un sens du rythme commun ; tout tient à la façon dont on explore les possibilités que ce soit des mots dans une chanson, de la musique, ou d'une narration.

"Qu'est ce qu'on appelle le psych rock ?" S'interroge Mackenzie. "Est- ce psychédélique ? Si c'est une attitude exploratoire de la musique, alors peut-être en faisons nous. Mais j'ai toujours eu plutôt l'impression que nous étions un groupe de garage. » Et le garage n'est rien d'autre qu'un genre de hard rock fait artisanal, enregistré dans des conditions d'urgence et avec des moyens analogiques. C'est à dire, pour certains, anachroniques. « J'ai l'impression qu'il y a un million de façons de jouer de la musique ou de faire un disque qui n'ont pas encore été explorés encore. Sans parler de tous les instruments à apprendre, de la musique à écouter, des cultures à explorer. » Cette attitude ouverte explique qu'après huit albums, King Gizzard sonne avec la fraîcheur de ceux qui veulent tout tenter. Ils commencent à peine à percer les secrets de ce qu'est être un groupe professionnel, et quelles forces cela demande au quotidien. Ce n'est pas eux que l'on interrogera sur les secrets de la longévité ou les pièges et les ressources du temps. Le temps, ils ne l'ont pas encore vu passer. Mais il est tentant de les comparer à Hawkwind. Au regard de son gardien, Dave Brock, King Gizzard doit ressembler à un nouveau-né braillard. « On n'écrit pas de chansons sur l'espace », tempère Mackenzie. Pourtant, ils se déguisent, se maquillent, ils jouent fort une musique étrangement militante et radicale, mais relativement policée, et utilisent des visuels qui n'auraient pas dépareillé sur la couverture d'un roman du type de ceux de Michael Moorcock. Ainsi, on peut les comparer à Hawkwind. Cela donne un aperçu de leurs motifs et de leurs raisons. 

Que dire de plus sur cet album ? Tant a déjà été dit sur Nonagon Infinity, sur cette séquence de chansons perpétuant sa narration à l'infini...


* Auteurs des chansons Jay Time, Thunder & Lightning, Brush With The Midnight Butterfly et Frustration sur la compil de Nuggets Vol.2 par Mojo Magazine.
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