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samedi 5 août 2017

{archive} DUKE ELLINGTON - Duke Ellington's Far East Suite (1966)



OOO
orchestral, élégant, varié
jazz, brass band



Ce disque de Duke Ellington semble nous parler entièrement de sa propre musique, et non pas de ce qu’elle devient combinée avec celle d’autres grands jazzmen, Louis Armstrong, Max Roach... La carrière très sociale du compositeur a laissé beaucoup de collaborations, mais ce qui est fabuleux sur cet album, c’est d’entendre jouer ‘son’ orchestre comme un seul homme. Et de surcroît, avec une densité préparant la fin de sa carrière. A 60 ans, il inclut beaucoup de formes de jazz dans sa musique, mais ne se voue pas à l’improvisation. Elle est au contraire fondée en un bloc de maîtrise grâcieux. Nourrit des inventions et des riffs de piano du jazz tels que façonnés par les plus grands, il les télescope avec son propre imaginaire, et d’une spontanéité ancrée, capable de servir de témoin pour les dérives à venir. Car sa musique est étudiée, reproduite, elle sert d’ADN à des générations de musiciens, comme celle de Louis Armstrong. A l’échelle d’une vie, mais d’une vie musicale, avec les humeurs que cela suppose. Jazz is not dead, it just smells funny, disait Frank Zappa. Il n’y a qu’un écart de sensibilité entre l’auteur de The Grand Wazoo et Duke Ellington. Les meilleurs compositeurs savent toujours placer les règles de leur côté quand leur musique le nécessite.

On oublie facilement que cet album résulte d’une tournée de Duke Ellington et de son orchestre dans les pays du moyen-orient, à l’exception de Ad Lib On Nippon, une longue exploration tonale composée pour la venue du big band au Japon.

Des thèmes langoureux comme Isfahan ont charmé des amoureux de musique dans des clubs du monde entier. Mais la vivacité de cette musique, on l’imagine remonter une rue de la Nouvelle Orléans, ou de New York, quittant son berceau noir américain, sortant de son lit pour éveiller les sensibilités dans tous les recoins des villes endormies.

Mount Harissa est une autre de ces mélodies très imagées, servant de visa sonore pour Duke Ellington, prouvant qu’où qu’il s’aventure c’est bien lui, sa façon d’être au monde, d’orchestrer. On y retrouve l’émotion réarrangée qu’il avait empruntée à Grieg sur son interprétation de Peer Gynt en 1961. Pour parvenir à évoquer la musique des maîtres classiques du XX ème siècle, tels que Stravinsky, les instruments les plus distincts sont ses alliés dans l’expression ; les saxophones, puissants et rigoureux, le trombone charnel, la trompette contemplative, douce, ou la clarinette plus alerte.

Cet album est paru à une époque ou ce type de large ensemble n’était plus populaire. Pourtant, depuis cette œuvre opiniâtre, il est difficile de quantifier l’inspiration suscitée par Ellington, auprès de ceux découvrant en même temps que sa musique le plaisir de la faire vivre là où se crée la société, par le brassage, et dans un souci de toujours porter l’ambiance naturelle des lieux à une joie pure, laissant les règles du sentiment, de la sensation, prendre peu à peu le dessus sur les règlements écrits par Ellington dans sa partition. Quand s’élève la seconde mélodie de Blue Pepper, on a déjà l’illusion du lâcher prise. La batterie propulsive et le tempo enlevé donnent cette impression. Mais ce quand on l’imagine réinterprétée, dérivée, prenant un autre chemin, qu’elle révélera son potentiel évolutif sans limites. Agra, toute en retenue et tension, laisse se dissiper cette impression de facilité.

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